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Intervention de Martin Steffens lors de la manifestation pour le retour des messes à Strasbourg
Intervention de Martin Steffens lors de la manifestation pour le retour des messes à Strasbourg

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Intervention de Martin Steffens lors de la manifestation pour le retour des messes à Strasbourg

Intervention de Martin Steffens, jeune philosophe strasbourgeois qui s'est exprimé dimanche lors de la manifestation pour le retour des messes.

 

Strasbourg, 15 novembre 2020

« Nous ne sommes pas rassemblés ce matin pour défendre le droit des catholiques à un privilège.

Nous ne sommes pas rassemblés ce matin pour opposer les droits de notre communauté aux inquiétudes qui traversent la population française. Car d’abord, nous faisons partie de ce peuple qui accompagne ses proches dans la mort et dont l’avenir économique et politique s’assombrit de jour en jour.

Nous ne revendiquons pas ce matin un droit individuel ou communautaire, dont le refus ferait de nous des victimes. Au contraire, nous témoignons d’un besoin, d’une faim qui est en même temps une chance pour notre pays, bien au-delà des catholiques.

Il est en effet ce matin question d’un besoin vital. Sans la célébration eucharistique, l’Eglise, comme peuple de Dieu, n’existe plus. En 304, les chrétiens d’Abitène, dans l’actuel Tunisie, refusaient un affrontement stérile avec le pouvoir impérial. Quand toutefois l’empereur Dioclétien ajouta aux privations celle de se rassembler le dimanche, les chrétiens déclarèrent : "Sine dominico non possumus." Sans dimanche, nous ne pouvons pas vivre, nous ne pouvons plus exister.

Mais ce besoin vital de pratiquer notre religion n’est pas centré sur nous. Il rayonne bien au-delà des catholiques et plonge ses racines dans cette terre de liberté et de fraternité qu’on appelle la France. Célébrer la messe, c’est nourrir le besoin vital d’être non seulement les uns à côté des autres, dans les transports ou au supermarché, mais les uns aux côtés des autres. Défendre la messe, ce n’est pas faire jouer le religieux contre le social, les droits du Ciel contre les urgences sanitaires, plus terre-à-terre. C’est vouloir accueillir celles et ceux, catholiques ou non, qui aujourd’hui perdent leur emploi, perdent des proches et perdent l’espérance.

Sans l’espérance, la santé n’est rien. Sans l’espérance, la santé ne fait que prolonger une vie amère. Mais l’espérance n’est pas l’espoir. Elle ne dépend pas de la volonté individuelle. L’espérance, vertu fragile entre toutes, se reçoit de plus loin. Elle se vit dans la peine quand elle est partagée entre frères. Elle se nourrit du pain eucharistique, de ce Dieu qui se penche sur l’homme et le rejoint dans un simple bout de pain.

Pour celles et ceux qui n’ont pas le bonheur d’y croire, Dieu sous la forme du pain, c’est tout simplement impossible. Comme est impossible que Dieu ait pu être un bébé, abandonné aux soins d’une mère puis à la malice des hommes. Comme il est impossible que, par amour, ce même Dieu ait été cloué sur une croix afin de vaincre la mort, afin de répandre sa Vie sur l’humanité entière.

Si, ce matin, nous ne revendiquons pas un droit parmi d’autres, c’est parce que nous pressentons qu’en ces temps d’épreuve, dont nul ne sortira indemne, les Français ont besoin de ce qu’aucune institution humaine, de ce qu’aucune mesure, économique ou sanitaire, ne pourra leur offrir : les Français ont besoin que soit manifestée l’action de ce Dieu d’amour dont on dit que rien ne lui est impossible.

Les Français ont besoin de la prière incarnée, communautaire mais communicative, des catholiques de France.

Le dimanche, en semaine, les cloches sonnent pour rassembler des femmes et des hommes qui croient que le mal n’aura pas le dernier mot, parce que le Christ le lui a pour toujours enlever. N’étouffez pas ce signe d’espérance au cœur de notre nation à l’heure où elle en a tant besoin.

 

Le déconfinement a prouvé que les chrétiens savent être prudents et responsables, que leurs églises sont assez larges pour assurer la sécurité de tous. Même du point de vue de ceux qui ne croient pas au Ciel, les catholiques ne font donc aucun mal en maintenant l’Eglise vivante. Pourquoi donc ne pas les laisser faire le bien qu’ils peuvent, en vivant ensemble, mais pour tous, le don de l’espérance ?

 

Martin

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