Découvrez l’homélie du 22 août 2024 – Traversaine de Marie – par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU

Homélie

Traversaine de Marie – 22 août 2024 – Marie Reine – Cathédrale – 18h

 

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ, chers pèlerins,

Ce pèlerinage marial, cette Traversaine de Marie, se clôture donc en s’ouvrant vers le Ciel en cette mémoire de Marie-Reine, en fêtant le couronnement de Marie au Ciel, huit jours après son Assomption. Et je remercie ces initiateurs et ces organisateurs qui en mettant Marie au cœur de la Vendée et à travers toute la Vendée nous donnent, à nous tous, de toujours plus suivre le Christ et de nous centrer ainsi sur Notre Seigneur et Sauveur, sur son Cœur Sacré !

Vous n’êtes pas sans savoir que les fruits demandés dans la prière du chapelet pour le 5ème mystère glorieux qui est le couronnement de la Vierge Marie au Ciel, sont la persévérance finale et le désir de sainteté. Fruits spirituels que nous demandons encore plus spécialement à la grâce divine en ce jour et en cette sainte messe pour nous tous, pour vous tous chers pèlerins, d’un jour, d’une heure ou de toute la Traversaine… Demandez, demandons, implorons la grâce divine pour désirer vraiment la sainteté en vivant cette persévérance décisive afin d’être pleinement vivant… Jésus le dit dans l’Evangile : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie » (Lc 21, 19). Et la marche pèlerine éduque le cœur et le corps, l’âme et l’esprit à cette persévérance spirituelle essentielle qui vivifie… Une marche pour traverser, une marche pour rendre témoignage, et une marche pour se consacrer…

 

1/ Une marche pour traverser

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » nous dit le prophète Isaïe. Le peuple hébreu, le peuple de Dieu, le troupeau du Bon Pasteur, l’Eglise du Christ ne cesse pas de marcher, de pèleriner, de traverser les ténèbres du monde, dans l’obscurité de la foi, guidé par la lumière du mystère pascal, la lumière de Pâque, la lumière du passage de la mort à la vie…

Chers amis, nous sommes de passage. Notre vie est un pèlerinage sur cette terre. Nous venons de Dieu et nous sommes appelés pour revenir vers notre Créateur, vers notre Rédempteur et Sauveur, pour vivre dans la sainteté, c’est-à-dire pour vivre dans la pleine communion divine pour l’éternité. Et la Vierge Marie est la première créature sauvée corps et âme, qui partage cette éternité, nous ouvrant la voie, nous indiquant la route… Et pour suivre le Christ, avec Marie et toute l’Eglise, il nous faut sans cesse marcher, sans cesse traverser ce monde pour vivre notre vocation finale et définitive, ce pourquoi nous sommes faits : voir Dieu face-à-face, l’adorer et le louer pour l’éternité. Et pour goûter cette joie un jour au Ciel, pour vivre de cette lumière, il ne faut pas qu’ici-bas nous nous installions… La grande maladie spirituelle du moment c’est la paresse, alors même que notre volonté et notre liberté ont besoin d’être disciplinées, entraînées, travaillées pour donner le meilleur de nous-mêmes, pour faire fructifier à fond tous les dons et charismes reçus… Pour qu’un Léon Marchand gagne 4 médailles d’or il doit s’entraîner durement, avec application, travailler sa volonté, son mental, cultiver et développer ses aptitudes et optimiser à fond ses qualités… Il en va de même, chers amis, pour les vertus, les qualités morales et spirituelles, pour le cœur et l’âme qui ont besoin d’entraînement à la charité, à la bonté, au silence, à la prière, à vivre cette marche intérieure du cœur en gardant les yeux fixés sur le Christ qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Marcher pour traverser ce monde et pour passer le ravin de la mort, pour passer vers la Vie, la vraie. Prenons souvent le temps de pèleriner, de marcher, en silence, en priant, seul ou en Eglise, pour mieux se convertir, pour mieux traverser les ténèbres, pour mieux vivre vraiment dès maintenant afin d’être pleinement vivant au Ciel, avec Marie-Reine…

 

2/ Une marche pour rendre témoignage

Nous sommes faits d’un corps qui est un don de Dieu pour nous donner comme lui par amour, et c’est bien souvent par ce corps que passe la foi pour régénérer le cœur et l’âme. Bien souvent la foi passe par les pieds et les genoux ! Nous sommes incarnés et notre foi passe par des réalités concrètes et notamment par des pèlerinages… pour soi, personnellement, mais aussi en Eglise, en vie fraternelle ecclésiale, pour ses frères… La vraie réalité spirituelle chrétienne est toujours liée à l’humain, à la réalité humaine et incarnée. Un chrétien dans les nuages n’est pas un disciple fidèle de Jésus ! Regardez toutes les grandes figures de sainteté et notamment la réalité mystique de leur vie spirituelle : unis profondément au Christ, ils sont bien ancrés dans le monde pour aimer et servir, pour se donner et témoigner : regardez Ste Catherine de Sienne, Ste Jehanne d’Arc, St Vincent de Paul, St François d’Assise, Ste Mère Teresa, et tous les autres… Pas de fuite de la réalité du monde, pas de fuite des ténèbres du péché, mais toujours traverser en témoignant et en se donnant comme le Christ, par amour, afin que le Christ, par sa grâce en nous, fasse son œuvre, et puisse transformer, transfigurer, sauver !

Chers frères et sœurs, notre pèlerinage de vie et de foi sur cette terre, comme ce pèlerinage de la Traversaine, doit être un témoignage d’espérance, de notre espérance qui peut et doit tout endurer et tout traverser… Avec toute la Sainte Eglise de pécheurs, nous contemplons ce couronnement de Marie au Ciel par son Fils, et nous nous préparons… Et nous nous préparons en témoignant dès aujourd’hui pleinement de cette espérance vivifiante qui doit orienter tout notre être et tous nos choix… Notre marche, notre vie chrétienne doit toujours être un témoignage d’espérance et ce jusqu’au bout, quelque soit les croix, quelque soit les épreuves ou les difficultés : témoigner de notre espérance ! Le monde l’attend ! Le monde en crève d’attendre cette espérance lumineuse, de ne pas la voir, de ne pas l’entendre… A nous d’en témoigner en marchant avec Marie à la suite du Christ…

 

3/ Et une marche pour se consacrer

En 1954, pour le centenaire du dogme de l’Immaculée Conception, le pape Pie XII a institué la fête liturgique de « La Sainte Vierge Marie, Reine », le 22 août. Il ne s’agit pas d’une nouvelle vérité à croire. En effet, la dignité royale de Marie a de tout temps été formulée dans les documents anciens de l’Église et dans les livres liturgiques. L’intention du pape était de nous offrir une occasion de louer Marie en ranimant la mémoire de cette tradition ancienne à laquelle correspond aussi une importante iconographie. Le Concile Vatican II a rappelé que la Vierge Immaculée, après avoir été élevée avec son corps et son âme à la gloire du ciel, a été exaltée par le Seigneur comme Reine de l’Univers. Il faut comprendre la royauté de Marie dans l’esprit de l’Évangile, c’est-à-dire comme un service. Marie est une Reine maternelle, puisqu’elle est notre Mère dans l’ordre de la grâce, et une Reine suppliante qui intercède pour chacun de nous. Elle est l’humble servante du Seigneur, disponible pour laisser faire l’œuvre de Dieu en elle. Un « oui » libre salutaire…

Et il est bon, il est juste et bon, de pouvoir se consacrer au Cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie, aux cœurs unis de Jésus et de Marie, pour toujours laisser plus de place à Dieu et à sa grâce en nous afin qu’Il puisse y faire son œuvre. Se consacrer, c’est se donner, c’est tout donner pour laisser la grâce de Dieu nous rendre plus sacré, c’est-à-dire plus rempli de son amour et de sa vie. être plus à lui ! être tout à Dieu ! Notre vie lui appartient. Il faut le laisser en prendre davantage possession. Par notre consécration, il faut se laisser saisir et choisir par l’amour de Dieu, par la grâce divine. Et ainsi l’amour du Cœur Sacré de Jésus battra davantage en nous, dans notre cœur, si nous passons par le Cœur immaculé de Marie.

C’est notamment Notre-Dame de Fatima qui est couronnée et vous n’êtes pas sans savoir que St Jean-Paul II a fait incruster dans sa couronne une des balles de l’attentat qui a été mystérieusement détournée le 13 mai 1981. Sa dévotion mariale, sa consécration à Marie, l’a aidé à surmonter toute les épreuves et le Christ est passé par Marie pour le protéger, le sauver, le relever et le conduire dans sa mission. Et ce jour, le 22 août, est également la fête patronale des Missionnaires de la charité de Mère Teresa qui avait une grande dévotion à Notre-Dame de Fatima. Tous les missionnaires de la charité dont je suis très proche, disons et prions sans cesse : « Cœur immaculé de Marie, cause de notre joie, priez pour nous ». Car le 22 août, pendant longtemps, a aussi été la fête du Cœur immaculé de Marie ! Marie, en son cœur immaculé, est couronnée au Ciel et nous prépare une place, et c’est là notre joie la plus profonde !

Chers amis, la Vierge Marie est notre auxiliatrice. Elle est notre plus grand secours. Elle est notre aide précieuse de chaque jour pour marcher dans les ténèbres et dans l’obscurité de la foi, afin de tenir bon, afin de persévérer et ainsi d’obtenir la vie, la vraie vie qu’est la sainteté, la vie avec et en Dieu.

Demandons à Notre-Dame couronnée au Ciel de nous soutenir dans notre marche, dans notre pèlerinage qui se poursuit. Accompagner par Notre-Dame de France et Notre-Dame de la Vendée, continuons de traverser ce monde en suivant la lumière du Christ… JVSM. Amen.

 

Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +