Découvrez l’homélie du 25 août 2024 par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU
Homélie
21ème dimanche du TO – 25 août 2024 – Nalliers/Chasnais/Luçon – St Louis
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,
Je ne vais pas, comme dimanche dernier, vous refaire le coup du prêche en chaire ! Il pourrait m’arriver les mêmes mésaventures que celles de l’abbé Castagnier dans le Petit Baigneur ! ça pourrait mal finir ! Ah ah ! Bref ! Mais la cathédrale est quand même en bien meilleur état que Notre-Dame des courants d’air…
Et j’ai donc le désir de vous remercier, et avec vous de remercier Dieu pour ce qui a été vécu, partagé, échangé, donné, pour tout ce que le Seigneur a fait de bon dans nos vies. « Deo gratias semper » comme au Cottolengo de Turin ! et quoi de mieux pour remercier que de prêcher sur la liberté, sur le don d’amour et sur la résistance intérieure.
1/ La liberté
C’est, vous le savez, un point qui me tient à cœur : la liberté, et qui est tellement galvaudé, et si souvent mal comprise… C’est souvent l’excuse utilisée pour tout justifier ! Le « je fais ce que je veux ». La liberté, ou la fausse idée de la liberté devient alors une idole, et même la mère de toutes les idoles ! Et par là de tous les esclavages ! être esclave, c’est facile d’y tomber… mais être vraiment libre, c’est un combat difficile… et il faut choisir… C’est ce que dit Josué dans la première lecture : « choisissez qui vous voulez servir : soit les idoles, soit le vrai Dieu ». Choisir soit l’esclavage des passions, des pulsions, de la facilité qui est l’ennemi du bien ; ou bien choisir la liberté en combattant pour essayer d’aimer, de se donner, de servir… C’est le dur combat de la vraie liberté !
Il y a 80 ans aujourd’hui, c’était la libération de Paris par la 2ème DB de Leclerc et des FFI. Le 25 août 1944 : là, tout le monde se disait résistant ! Facile et pratique ! Mais en juin 1940, des résistants, il y en avait très peu… et on oublie souvent qu’avec De Gaulle, à Londres en 1940, la poignée des tous premiers résistants étaient de fervents catholiques. Parmi eux, un prêtre carme l’amiral Thierry d’Argenlieu, qui fût en quelque sorte le père spi du Général, et qui avec Muselier, va proposer la Croix de Lorraine sur le drapeau français pour s’opposer à la croix gammée des nazis et au régime de Vichy. Choisir quelle croix servir ! Les résistants, les vrais, les premiers, étaient peu. Et dans l’histoire des hommes, c’est souvent comme ça… Comme le dit Jésus : « Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent ». (Mt 7, 13). La liberté est entre les mains, est dans le cœur de ceux qui adorent le vrai Dieu, le Dieu vivant, le Dieu d’amour et qui suivent son chemin d’amour et de don.
Nombreux sont ceux qui récriminent contre Jésus et cessent de l’accompagner… « Beaucoup de ses disciples » dit Jean. Jésus, la croix, l’Evangile, ce n’est si sexy ni populaire ! ce n’est pas d’abord les foules en délire… Mais c’est un scandale ! une folie ! car c’est exigeant le vrai combat pour aimer et être libre… Et il n’y a pas de vraie foi ni d’amour vrai sans la liberté… et on est libre quand on suit le Christ… Oui, suivons-le et donnons-nous comme lui par amour…
2/ Le don d’amour
Nous sommes faits pour ça, et c’est la clef de compréhension de la seconde lecture de St Paul qui est bien trop souvent mal comprise… Ce ne sera pas mon objet de vous en donner une explication ce matin… Il fallait venir à la formation sur la théologie du corps de St Jean-Paul II que j’ai donné au printemps… mais formez-vous sur cela car c’est passionnant !
Le mystère du mariage de l’homme et de la femme est grand car il est lié au mystère des Noces de l’Agneau, des Noces du Christ et de l’Eglise, du don total d’amour du Christ à son épouse l’Eglise, et à travers elle, pour toute l’humanité ! L’homme est totalement donné à sa femme comme le Christ à l’Eglise, et l’épouse se donne totalement par amour à son mari comme l’Eglise au Christ. C’est le don d’amour mutuel qui est la clef de la vraie vie, et non pas des logiques politico-sociales ou sociétales de domination, de parité, de séduction, d’emprise, ou de jouissance individuelle !
Et c’est sûrement cela qui est l’argument premier du célibat des prêtres qui représentent le Christ et sont invités à se donner comme lui à leur épouse l’Eglise ! Et oui, chers amis, je suis marié… !! Avec vous ! Vous êtes l’Eglise et vous êtes mon épouse, ici, comme à la Roche… C’est surtout l’évêque qui a la plénitude du sacerdoce et qui est époux de toute l’Eglise diocésaine, et cela est symbolisé notamment par son anneau épiscopal… Mais c’est toujours cette même logique du don de soi par amour comme le Christ pour Dieu et pour les autres, et c’est toujours cela le sens ultime de la vie, qui rend le plus heureux, même si ça fait mal, car il y a la blessure du péché… Et je vous en supplie chers frères et sœurs, entraînez-vous à vous donner de manière humble et cachée, dans la prière et le service, pour aimer toujours plus, en imitant le Christ et ses saints, en fils et filles de l’Eglise, notre Mère, son épouse, qui nous enfante à la vie divine jour après jour…
Peut-être avez-vous lu le très beau témoignage en dernière page du OF d’hier samedi de cette jeune femme handicapée, devenue vierge consacrée à Paris, et qui affirme avec un grand sourire : « je préfère être dépendante, mais en lien, qu’autonome et seule. Le handicap est une épreuve, mais il ouvre un espace unique pour la rencontre avec l’autre ». La vraie liberté est dans le cœur de celui et celle qui aime et se donne par amour… C’est là la vraie joie qui nécessite un combat…
3/ La résistance
Qui parmi vous a écouté mon conseil du 4 août et a lu le discours d’Alexandre Soljenitsyne « le déclin du courage » ? (Pas plus !! bon beh…). Grand acte de résistance politique mais aussi spirituel ! (conf du 6/09)
Et il faut résister ! En ce 25 août, avec l’aide de St Louis de France, soyons de vrais FFI ! Forces Française de l’Intérieur, ou plutôt des Forces Françaises de l’Intériorité ! Il nous faut cultiver cette intériorité, cet espace de vie intérieure, cet espace du cœur où Dieu parle, où l’Esprit inspire, où le silence se fait présence, intuition, force et vie, pour résister ! C’est vital et nécessaire ! (ex : après avoir communié)
Nous avons besoin de plus de silence, de plus de beau et de cœur, pour résister et tenir bon, sans tomber dans les nombreux pièges de ce monde saturé d’images, de bruit, de pressions médiatiques à tout-va, de superficiel et d’artificiel !
Je vous rappelle cette fameuse phrase de St Augustin, prophétique : « « à force de tout voir on finit par tout supporter, à force de tout supporter, on finit par tout tolérer, à force de tout tolérer, on finit par tout accepter, à force de tout accepter, on finit par tout approuver ». Nous aurons beau être attaqués ou persécutés, si nous sommes unis au Christ, nous n’avons plus peur et nous sommes libres ! « Le Seigneur délivre le juste » dit le psalmiste. Ce qu’il faut c’est chasser toute idole comme toute idéologie en vivant une vraie et réelle communion au Dieu vivant : « tu as les paroles de la vie éternelle… tu es le Saint de Dieu ».
C’est bien par attraction que l’Eglise grandit, et non pas prosélytisme, comme le rappelait souvent le Pape Benoît XVI. Et l’Eglise et les chrétiens seront attractifs et attirants en étant dans la vérité de l’Evangile et du mystère pascal, sans rien cacher ou minorer, sans rien trahir ou inventer… C’est bien cette intimité intérieure du cœur de chacun avec le Christ, et en Eglise, dans la prière et dans la liturgie, la prière de l’Eglise, qui donne la foi, qui donne de grandir, de résister et de tenir bon. Tout le reste en découle ou est en trop !
Chers frères et sœurs, c’est ce que je vous souhaite du fond du cœur : de grandir personnellement et ecclésialement dans la foi par cette intimité du cœur à cœur avec Dieu !
Je vous remercie de tout ce que vous m’avez apporté mais surtout de tout ce que vous m’avez permis de donner, de me donner, en vous servant et en vous aimant, malgré mes très nombreuses limites et pauvretés. Et je demande pardon à tous ceux que j’ai pu blesser ou heurter ces 5 années passées.
Maintenant, dans cette messe, offrons-nous avec amour au Dieu vivant. Donnons-lui tout ce que nous sommes, sans retour sur nous-mêmes, mais fixés sur le Christ, sur sa croix et sa résurrection. Pour tout recevoir de lui dans la communion. Demandons à St Louis de France de nous aider à être humble pour faire en chaque chose la volonté de Dieu et fleurir là où Dieu nous plante ou nous plantera, vous comme moi…
Demandons à la Vierge Marie de garder notre cœur libre pour aimer Dieu et notre prochain, et ainsi témoigner de la vérité de son Fils. JVSM. Amen.
St Louis de France, PPN.
Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +