HOMÉLIE
En cette 31ème journée mondiale du malade que nous célébrons au lendemain du 11 février, date de la 1ère apparition le 11 février 1858, le pape François rappelle dans son message pour cette journée que "la maladie fait partie de notre expérience humaine." Il nous met en garde : "Elle peut devenir inhumaine si elle est vécue dans l’isolement et dans l’abandon, si elle n’est pas accompagnée de soins et de compassion." […] C’est là, dans ces moments-là, que l’on se rend compte de la façon dont nous cheminons : si réellement nous cheminons ensemble ou bien si l’on est sur la même route, mais chacun pour son compte, ne s’occupant que de ses propres intérêts […] Par conséquent, en cette XXXIème Journée Mondiale du Malade […] je vous invite à réfléchir sur le fait que c’est précisément à travers l’expérience de la fragilité et de la maladie que nous pouvons apprendre à marcher ensemble selon le style de Dieu, qui est proximité, compassion et tendresse."
Citant le prophète Ézéchiel, le saint Père rappelle les paroles du Seigneur : "C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer […] La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces […] je la ferai paître selon le droit." L’expérience de l’égarement, de la maladie et de la faiblesse fait naturellement partie de notre chemin […] ils (les malades) nous placent au centre de l’attention du Seigneur, qui est Père […] Il s’agit donc d’apprendre de lui, pour être véritablement une communauté qui chemine ensemble, capable de ne pas se laisser contaminer par la culture du rejet.
Puis le pape François nous renvoie à l’Encyclique Fratelli tutti, qui "propose une lecture actualisée de la parabole du Bon Samaritain." […] "Il existe, en effet, un lien profond entre cette parabole de Jésus et les nombreuses façons dont la fraternité est aujourd’hui niée. En particulier, le fait que la personne malmenée et volée soit abandonnée au bord de la route représente la condition où sont laissés trop de nos frères et sœurs au moment où ils ont le plus besoin d’aide. Il n’est pas facile de distinguer entre les assauts menés contre la vie et sa dignité qui proviennent de causes naturelles et ceux qui sont, en revanche, causés par les injustices et les violences. […]
[…] Ce qui importe, toutefois, c’est de reconnaître la condition de solitude, d’abandon […] comme le rapporte la parabole – il suffit d’un instant d’attention, d’un mouvement intérieur de compassion, pour l’éliminer (la solitude). Deux passants, considérés comme des religieux, voient le blessé mais ne s’arrêtent pas. Le troisième, au contraire, un Samaritain, un homme méprisé, est mû par la compassion et prend soin de cet étranger qui gît au bord de la route, le traitant comme un frère. En faisant cela, […] il change les choses, il engendre un monde plus fraternel.
Frères et sœurs, nous ne sommes jamais prêts pour la maladie […] (ni) prêts […] à admettre que nous avançons en âge. Nous craignons la vulnérabilité […]. Il peut alors arriver que les autres nous abandonnent ou qu’il nous semble devoir les abandonner, pour ne pas être un poids pour eux. Ainsi commence la solitude et le sentiment amer d’une injustice […] car le Ciel aussi semble se fermer. De fait, nous peinons à demeurer en paix avec Dieu, quand la relation avec les autres et avec nous-mêmes se détériore. Voilà pourquoi il est si important, notamment en ce qui touche à la maladie, que l’Église tout entière se mesure à l’exemple évangélique du Bon Samaritain, pour devenir un bon “hôpital de campagne” : sa mission s’exprime en effet en prenant soin des autres […].
Nous sommes tous fragiles et vulnérables ; nous avons tous besoin de cette attention remplie de compassion qui sait s’arrêter, s’approcher, soigner et soulager. La condition des malades est donc un appel qui interrompt l’indifférence et freine les pas de ceux qui avancent comme s’ils n’avaient ni frères ni sœurs. […]
Citant de nouveau la prophétie d’Ézéchiel, le pape François précise qu’elle" contient un jugement très dur sur les priorités de ceux qui exercent un pouvoir économique, culturel et gouvernemental sur le peuple : "Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paître le troupeau. Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. […] la conclusion de la parabole du Bon Samaritain nous suggère que l’exercice de la fraternité, qui commence par une rencontre en tête-à-tête, peut être élargi à une prise de soin organisée. L’auberge, l’aubergiste, l’argent, la promesse de se tenir mutuellement informé : tout cela fait penser au ministère des prêtres, au travail des agents sociaux et de santé, à l’engagement des familles et des volontaires […]
[…] "Prends soin de lui" : telle est la recommandation du Samaritain à l’aubergiste. Jésus la répète aussi à chacun de nous et, à la fin, nous exhorte ainsi : "Va, et toi aussi, fais de même." […]
Se référant au 11 février, le pape François termine son message en nous invitant à tourner "notre regard vers le Sanctuaire de Lourdes comme vers une prophétie, une leçon confiée à l’Église au cœur de la modernité. Il n’y a pas que ce qui a de la valeur qui fonctionne et il n’y a pas que celui qui produit qui compte. Les personnes malades sont au centre du peuple de Dieu qui avance avec elles comme prophétie d’une humanité où chacun est précieux et où personne n’est à exclure."
Pendant quelques instants de silence, reprenons la prière du début de la messe :"Dieu qui veut habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce, alors tu pourras venir en nous et y faire ta demeure".
Notre prière nous prépare à vivre à la fin de la messe la bénédiction des malades et de ceux qui les accompagnent, notamment dans le Service Evangélique des malades.
Dans quelques instants nous vivrons la bénédiction des fiancés, c’est-à-dire ceux qui sont en préparation de la célébration de leur mariage. Puis ce sera la bénédiction des couples jubilaires qui célèbrent plus particulièrement 5, 10, 15, 20, 25, 30, 50 peux être 60 ans de mariage ou plus.
Amen !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau
Saint du jour avec