HOMÉLIE
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,
Vous savez, j’aime beaucoup célébrer des mariages ! 24 l’année dernière, une quinzaine cette année, et encore beaucoup de prévus l’année prochaine. Et je vous partage une de mes joies de prêtre : depuis que je suis dans le ministère, j’ai, chaque année, célébré au moins un mariage de jeunes chrétiens hyper motivés et désirant vraiment vivre la sainteté dans leur couple. Et je les remercie toujours parce que vraiment ça donne du sens à mon ministère et à mon sacerdoce, c’est une grâce, et à chaque fois j’y découvre la très belle complémentarité de nos vocations respectives dans le beau projet de Dieu ! Et puis les mariages ce sont de belles fêtes et surtout tout le monde est sur son 31 : nickel, impeccable, classe : des chapeaux, des costumes, des robes, etc. ! Magnifique ! Mais du coup on s’apprête beaucoup moins pour venir le dimanche à la messe, aux Noces de l’Agneau quand même !! Non ? Vous êtes un peu moins classe !!? Serait-on trop insouciant comme ces 5 jeunes filles qui n’ont pas prévu, pas anticipé, pas pensé au retour de l’Epoux ? Voyons cela ensemble en parlant de sagesse, de résistance et de soif !
1/ Sagesse
Vous connaissez tous le nom du fameux roi d’Israël mondialement réputé pour sa sagesse : c’est ? Non pas Dagobert… Lui c’est autre chose ! Moins sage ! C’est bien sûr le Roi Salomon ! Modèle de Sagesse, notamment parce qu’il a eu l’humilité de demander à Dieu dans sa prière d’avoir la sagesse pour gouverner, et non pas de demander de l’argent, du pouvoir, du succès ! La Sagesse est si importante qu’il y en a même un livre entier, rien que pour elle dans la Bible : le Livre de la Sagesse, que nous avons entendu. « La Sagesse est resplendissante » C’est un des derniers livres écrits de l’Ancien Testament, un siècle ou deux avant la venue de Jésus. Comme une préparation de la Providence divine car nous croyons et nous professons que la Sagesse de Dieu qui est aussi la Parole de Dieu, le Verbe, c’est le Christ qui est la Sagesse incarnée, le Verbe fait chair. Ce que nous vivons à chaque sacrement et notamment à la messe où la Parole de Dieu, le Christ, va prendre chair en transformant le pain en son Corps et le vin en son Sang. Nous allons communier en mangeant LA Sagesse, le Christ. Nous allons donc devenir un petit peu plus sage… Vous voyez les enfants : cette sagesse tout le monde en a besoin, pas seulement les enfants mais aussi et surtout les adultes !
Certes, cette sagesse a besoin de travail, d’exercice, de lectures, de formation, d’apprentissage. Un chrétien est un éternel étudiant ! Il faut toujours chercher, creuser, travailler ! « Elle se laisse trouver par ceux qui la cherche ». Mais la Sagesse doit aussi se demander et se recevoir car c’est un don de Dieu : « Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment » disent les Ecritures. Donc il faut aimer la Sagesse. Il faut la désirer, la vouloir, la demander pour en vivre vraiment. Et malheureusement, aujourd’hui, encore plus qu’hier, notre monde, notre société ne veut pas être sage, ne veut pas de sagesse, ne veut pas du Christ ni de Dieu… et la pente est glissante et nous descendons doucement mais sûrement… Alors j’appelle à la résistance !
2/ Résiste ! Prouve que tu existes ! Comme disait France Gall…
Résister ! Comme le dit St Paul : « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance… Il ne faut pas que vous soyez abattus ». Oui, chers amis, il faut résister ! Et pas qu’un peu ! Vraiment ! Et je ne peux pas et je ne veux pas vous le cacher ! Il faut et il va falloir résister !
Notre monde est comme ces cinq jeunes filles insouciantes qui ne fait plus preuve ni de sagesse, ni de bon sens. Qui ne veut et ne sait ni prévoir ni anticiper et qui court à sa ruine et à sa perte… le mur est proche ! ou le trou, c’est comme on veut ! La confusion ne cesse de croître et avec elle le mensonge omniprésent !
Il y a une urgence à discerner pour bien juger en retrouvant un vrai enracinement pour mieux s’envoler. Les pieds bien en terre, les genoux en prière, les mains ouvertes pour avoir les yeux dans la lumière et être libre ! On a besoin de réalité, d’enracinement, de bon sens, bref on a besoin de sagesse ! Et il faut donc pour cela résister à de nombreuses pressions et manipulations pour rester éveillé, avec de l’huile dans nos lampes, de la lumière, être prêt et frais dispo, pour être vivant et libre. C’est comme ça que Dieu nous a créés et c’est comme ça qu’il nous veut : vivant et libre, et non pas comme des robots sous cloche, dénaturés, fades, comme des zombies ou des morts-vivants, prisonniers d’un monde sécuritaire et enchaîné.
Et je vous conseille un petit livre qu’on m’a passé récemment et qui se lit très vite, et dont la lecture est une urgence sanitaire et vitale : Le réveil, de Laurent Gounelle (7,70€ en livre de poche, 172 pages). Je crois que je vais l’offrir à beaucoup de gens… Remarquable ! et édifiant ! Et je pense que je vais lire dès que possible le dernier livre de Mathieu Bock-Côté qui vient de sortir jeudi dernier : « Le totalitarisme sans le goulag » ! Il faut prier, lire et se former chers amis pour rester éveillés, prévoyants, conscients, usant de bon sens et un peu de sagesse pour résister et tenir bon, afin d’être libre et vivant ! « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » nous dit Jésus. Il faut tenir. C’est une question de désir du cœur et donc de soif profonde !
3/ la soif !
« Mon âme a soif de toi, Seigneur mon Dieu ! » avons-nous chanté. Pour creuser cette soif et ce désir de Dieu, ce désir de la Sagesse divine, il ne faut pas être trop vite plein et rempli, être trop saturé, abreuvé et rassasié d’ersatz de faux dieux, d’idoles, de religiosités ésotériques, d’illusions faussement spirituelles qui prennent la place du vrai Dieu, de notre Dieu d’amour, le Dieu de Jésus Christ.
Avoir soif de Dieu, de ce Dieu qui a soif de nous, qui a soif de notre amour. C’est le cri de Jésus sur la croix : « J’ai soif ». Non pas d’eau mais de notre amour, de notre prière, de notre foi en lui, notre Sauveur.
La foi chrétienne n’est pas d’abord une religion, mais c’est d’abord une foi, une confiance. C’est sa vérité et sa beauté donc sa force mais aussi sa faiblesse dans un monde blessé et marqué par le péché. Notre foi chrétienne c’est une rencontre personnelle et ecclésiale, communautaire, avec le Dieu Vivant, Jésus Christ mort et ressuscité, venu pour nous sauver. Tant qu’on n’a pas vécu cette rencontre, on n’a pas la foi et on n’est pas chrétien. On peut bien être baptisé et avoir coché les cases, tant que ces 2 soifs ne se sont pas rencontrées et données, on n’a pas connu le vrai Dieu. Avoir soif de Dieu et de son amour…
« Voici l’Epoux, sortez à sa rencontre ! » Serons-nous prêts ? Serons-nous insouciants ou prévoyants ? Entrerons-nous au banquet des Noces ou entendrons-nous Jésus nous dire : « Je ne vous connais pas » ? Sommes-nous prêts ? C’est une noce. Serons-nous bien habillés, bien apprêtés ? Et bien sûr, il ne s’agit pas des apparences extérieures mais bien d’avoir le cœur apprêté. D’avoir tout son être intérieure prêt et dispo pour la rencontre, et donc d’avoir une vraie vie spirituelle, c’est-à-dire de l’humilité et de la prière. C’est ça l’huile de nos lampes allumées : humilité et prière. De l’humilité comme l’huile, pour demander à Dieu la grâce de la sagesse pour le rencontrer et vivre de son amour, et cela afin d’être vivant et libre.
Et pour cela, la première chose, c’est de désirer l’amour de Dieu et de se laisser aimer par Lui. C’est Dieu qui nous a aimés le premier. Laissons-nous aimer par lui ! Ayons soif d’être aimé par lui ! C’est là la vraie sagesse et le début d’un nouveau regard sur le monde et sur la vie. « Au détour des sentiers, la sagesse leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre ». Le visage souriant du Christ ressuscité. « Que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ! »
A présent, en cette eucharistie, de nouveau, l’Epoux va venir. Le Christ vient. Il vient à notre rencontre. Il nous a invité et nous sommes venus, là présents, pour le rencontrer en nous laissant aimer par Lui. Nous allons revivre le mystère pascal, la mort et la résurrection de Jésus maintenant sur l’autel, pour préparer nos cœurs au grand passage, à la rencontre décisive, un jour, vers la lumière totale…
Demandons à la Vierge Marie de nous aider par sa prière et sa douce présence maternelle à vivre cette rencontre, en prenant les moyens d’avoir toujours de l’huile-humilité pour demeurer dans la lumière de Dieu.
Prenons le temps les enfants du silence et de la prière pour préparer nos cœurs à rencontrer Jésus qui vient. Creusons ce désir d’avoir soif de l’amour de Dieu.
Disons-le-lui dans notre prière.
Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +
Documents cités dans l'homélie :
Tom, un jeune ingénieur, se retrouve confronté dans son pays à une situation inquiétante qui sème la peur dans la population. Dans ce contexte inédit, des mesures sont adoptées par le pouvoir, contraignantes et liberticides. Tom se retrouve pris dans la tourmente des événements, mais il a un ami grec qui l’alerte alors : les peurs des gens sont très utiles à certains.
C’est en découvrant des vérités parfois dissimulées au grand jour, que l’on peut se réapproprier sa liberté…
Un roman qui vous fait voir le monde autrement.
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L'Express
Site de Laurent Gounelle
Sociologue, Mathieu Bock-Côté est une figure de la vie intellectuelle au Québec. Universitaire, essayiste et chroniqueur, il collabore au Figaro, à Commentaire et auparavant à la revue Débat. D'orientation indépendantiste et conservatrice, c'est un spécialiste de sociologie politique.
