HOMÉLIE
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,
Certains ont la grâce d’avoir la foi du charbonnier, même si de nos jours, elle est moins courante que par le passé, étant donné la conquête quasi-totale de la réalité moderne, de l’esprit scientifique voire scientiste, et de la pensée progressiste dans nos sociétés occidentales. Mais heureusement certains tiennent bon, et il nous faut prendre les moyens de retrouver l’importance de la religiosité populaire, des dévotions, des processions, des actes de foi incarnés… C’est la foi simple des babouchkas russes par les icônes, les cierges, l’encens, la prière du cœur du pèlerin qui a permis à l’Eglise orthodoxe de renaître de terribles années de persécution ! Ainsi, la réalité de la prière, des dévotions, de la liturgie est essentielle pour avoir la foi et la transmettre ! Mais bien sûr, cela ne suffit pas ! Comme le demande St Pierre dans sa lettre : « soyez toujours prêt à rendre compte de l’espérance chrétienne qui est en vous ! ». Notre foi chrétienne est raisonnable, et il nous faut pouvoir dire en quoi et en qui on croit car c’est là qu’on doit engager toute notre vie : « pour vous qui suis-je ? » Voyons cela en parlant de foi et raison, de conscience et de relation au Christ.
1/ Foi et raison
St Paul nous parle de Dieu en affirmant : « Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables » car bien évidemment Dieu dépasse tout ce qu’on peut en dire, tout ce qu’on peut en comprendre !
C’est comme cette histoire de la rencontre de l’enfant avec St Augustin (que nous fêterons demain !) sur la plage devant la mer, et à la fin de leur échange, l’enfant lui dit : « Oui, tout à l’heure vous cherchiez à comprendre le mystère de la Trinité, et, en vérité, je vous le dis, j’aurai plus tôt vidé la mer et mis toutes ses eaux dans le creux que j’ai fait là ; j’aurai plus tôt compté tous ces grains de sable, tous ces débris de coquillages qui bordent l’Océan et que roulent les vagues, que vous n’aurez conçu le mystère que, dans votre orgueil, vous prétendiez expliquer ». Et St Augustin se mit à adorer avec foi et simplicité de cœur… Tout comme St Thomas, à la fin de sa vie, qui tombe en extase devant le mystère de Dieu en célébrant la messe, et qui alors considéra tout son immense travail théologique et philosophique comme un fétu de paille devant l’infini mystère de Dieu ! Il demeura alors dans la prière et l’adoration, et mourut 6 mois plus tard en se rendant au Concile de Lyon en 1274.
La foi est première et fondamentale pour connaître Dieu ! Il faut vivre cette rencontre d’amour et de vie pour entrer dans le mystère divin !
Et cela doit s’allier avec la raison humaine, don de Dieu à honorer, pour chercher et creuser… Notre foi chrétienne est raisonnable. Blaise Pascal insistait pour dire que si la foi n’était pas raisonnable, il ne serait pas croyant ! Et pourtant il faut savoir bien équilibrer les choses. Pascal disait ainsi : « Deux excès : exclure la raison ; n’admettre que la raison » ou encore : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison », d’où sa fameuse sentence : « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Ce n’est pas du sentimentalisme ou de l’émotion comme notre monde d’aujourd’hui le pense et le vit trop souvent ! Car dans le cœur de l’homme siège aussi sa volonté ! Et croire c’est je veux croire ! Je prends les moyens par ma raison et mon cœur de croire en Dieu ; et donc je mets un cadre pour combattre mes passions, mes travers afin de pouvoir grandir dans la foi ! L’acte de volonté est nécessaire pour se rendre disponible à la foi qui est toujours un don de Dieu ! Et c’est pour cela qu’il faut éduquer sa conscience en engageant sa volonté et sa liberté.
2/ La conscience
La conscience humaine, l’objection de conscience, si mises à mal de nos jours, et que nous, chrétiens, devons défendre à tout prix ! C’est là notre dignité la plus grande !
Encore Pascal : « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant ». C’est pour cela que chaque être humain surpasse infiniment tous les autres êtres vivants et même tout l’univers !
Comme Pascal aimait à répéter : « la grandeur de l’homme c’est de se savoir misérable » ! Et c’est pourquoi l’homme a besoin de Dieu pour être humble, pour être à sa juste place et pour fonder sa conscience et donc sa liberté ! Et c’est donc aussi pour ça que le monde moderne s’évertue à prendre la place de Dieu et pour cela à détruire toute notion de conscience et de loi naturelle. Pour, au final, détruire l’homme dans sa réalité fondamentale !
Et c’est pourquoi, chers amis, il nous faut défendre avec acharnement la conscience, siège de la raison ! Il y a même des philosophes athées qui reconnaissent aujourd’hui que le dernier véritable défenseur de la raison c’est l’Eglise ! C’est dire !
Il nous faut ouvrir les yeux, arrêter d’être aveugle et mener le bon et juste combat !
Vous savez, Staline aimait répéter une citation d’Hitler : « Je libère l’homme d’une chimère : la conscience ! ». Et notre monde, avec des moyens différents, continue dans la même logique… Je n’aime pas trop les comparaisons historiques car souvent anachroniques, et parce que comparaison n’est pas raison, toutefois, on peut identifier une logique de fond en constatant comment notre monde, par idéologie, déforme le sens des mots et refuse la réalité et ses limites. Les nazis faisaient croire que les juifs n’étaient pas des hommes mais des rats pour mieux les détruire. De même, par idéologie, on va affirmer qu’une femme est un homme et qu’un homme est une femme, ou qu’un fœtus de moins de 12 semaines n’est pas humain alors qu’ensuite il l’est, ou que quelqu’un de très malade est un légume (expression que je déteste au plus haut point !!) avec des mots qui créent la confusion : non-binaire, neutre, non-genré, etc. ou parler de « fin de vie » pour ne dire ni « euthanasie » ni « suicide » ni « mort » !! Et tout est comme ça…
Attention aux mots que nous employons. Ils ont un sens. Ils correspondent à la réalité ou à une idéologie. Leur usage permet d’éclairer ou non la conscience !
Ne lâchons rien, chers amis ! Et notre première arme pour notre libre conscience c’est notre relation au Christ
3/ Relation au Christ
« Ecce homo » : Voici l’homme ! Le vrai homme et le vrai Dieu !
« Pour vous qui suis-je ? » demande Jésus.
Et il nous faut suivre la foi de Pierre et de toute l’Eglise : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Chers amis, quelle est notre relation personnelle avec Jésus Christ ? Est-ce une relation vivante et vivifiante ? Le Christ est-il le centre de ma vie, la source profonde de ma conscience et de ma liberté ? Suis-je prêt à le suivre et à donner ma vie pour lui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » ? C’est LA question ! To be or not to be… with Jesus Christ !!! That’s the question ! Être ou ne pas être avec Jésus !
Est-ce que je prends les moyens pour affermir ma foi dans ses aspects rationnels et spirituels ? Et dans mon engagement ecclésial ? Car c’est bien la foi de Pierre : « et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » dit Jésus ! Ma relation vivante au Christ je dois la vivre avec toute l’Eglise, toute la communauté des croyants, car c’est ainsi que je le connais en vérité ! Et non en solo, non pas isolé, non pas dans mon coin…
C’est cette relation vivante au Christ qui a été la force et le courage de tous les chrétiens persécutés à travers les âges et qui se sont battus pour la liberté de conscience, pour la vérité et pour la foi. Il nous faut prendre le même chemin pour à notre tour tenir bon au milieu des tempêtes qui arrivent…
Demandons à la Vierge Marie, et par l’intercession de Ste Monique fêtée en ce jour, de nous aider à prendre les moyens pour grandir dans une relation vivante avec le Christ.
Ste Monique, priez pour nous.
Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +
Saint du jour avec