HOMÉLIE
"Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui." Frères et sœurs, chers paroissiens, imaginons ce matin, que nous sommes assis au milieu de ceux qui se sont rassemblés pour entendre Jésus.
Comme chaque dimanche, lorsque nous répondons à son invitation pour l’Assemblée dominicale, Jésus nous enseigne. Il veut nourrir notre foi et réveiller notre dynamisme missionnaire. Aujourd’hui, il nous introduit dans ce qu’on appelle ‘le sermon sur la montagne’. Il commence par regarder la foule rassemblée devant lui, c’est-à-dire, chacun de nous. Il nous donne 9 béatitudes, introduites par le même mot : "Heureux ! ..." En parlant, il perçoit dans le regard de ceux qui sont là, la diversité des situations évoquées dans chacune des béatitudes. Il y a les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui sont miséricordieux, ceux qui ont le cœur pur, les artisans de paix, ceux qui sont persécutés pour la justice et même ceux qui sont insultés à cause de lui.
Jésus ne décrit pas ce que vivent ses auditeurs, mais il nous montre ceux qui trouvent grâce aux yeux de Dieu ; ceux qui ont accès au Royaume de Dieu, à la vie de Dieu : les pauvres, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs ; les artisans de paix, ceux qui sont persécutés pour la justice. Ceux-là ont accès au Royaume de Dieu, car dans son Royaume, celui qui est le plus grand est celui qui sert.
Ces Béatitudes qu’il enseigne, Jésus les a vécues et pratiquées en nous montrant ce qu’est la véritable pauvreté, la douceur, la compassion, la miséricorde, la justice, la pureté du cœur, la patience et la bienveillance. Il nous révèle que le Royaume de Dieu est déjà accessible à ceux qui vivent selon l’esprit des Béatitudes, sans oublier de mentionner que ceux qui les pratiquent seront insultés et calomniés à cause de son nom. Jésus déclare "heureux" ceux que notre société a tendance à écarter de la réussite et ceux qui choisissent d’être du côté des petits et des pauvres ; ceux qui sont persécutés parce qu’ils luttent pour la justice et pour la vérité ; ceux qui dénoncent ce qui fragilise la famille et ceux qui s’engagent pour défendre le respect de la vie comme don de Dieu dès son commencement et jusqu’à son dernier souffle.
Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul confirme que Dieu appelle ce qu’il y a de fou, de faible, d’origine modeste, ce qui n’est rien dans le monde, afin que personne ne puisse s’enorgueillir. Alors, à chacun de vérifier si nous nous reconnaissons dans le "peuple petit et pauvre" dont parlait Sophonie dans la première lecture.
Sur la colline de Capharnaüm, Jésus n'avait devant lui que de pauvres gens sans éducation religieuse et qui ne brillaient pas par leurs qualités morales. C'étaient Marie-Madeleine la pécheresse, Zachée le collecteur d’impôt, Matthieu le publicain, des pécheurs du lac de Galilée, des malades et des infirmes, des boiteux et des aveugles, les blessés de la vie et de l’amour ; bref : des gens comme vous et moi, avec nos fragilités.
Jésus nous appelle simplement à gravir la colline des Béatitudes pour trouver en Lui, le Bonheur auquel nous aspirons tous. Il nous dit que nous sommes heureux au cœur même des situations évoquées dans les Béatitudes dès lors que nous décidons de les vivre à la lumière de l’Évangile, avec un cœur de pauvre dans une société qui dit heureux les riches ; avec nos efforts pour vivre dans la justice et la vérité ; avec un cœur pur au milieu de l’immoralité des mœurs ; avec notre volonté de pardonner et de faire la paix dans un monde sans pardon et sans miséricorde ; avec aussi les humiliations subies en raison de notre attachement au Christ.
Dieu est à l’origine de tout bien. En son Fils Jésus, il s’est fait pauvre parmi les pauvres pour nous enrichir de son amour et de sa miséricorde. Il nous invite à venir à lui tel que nous sommes, car c’est dans notre faiblesse qu’il veut mettre sa force ; dans nos larmes qu’il veut déposer le germe de sa joie ; dans nos pauvretés qu’il veut déverser sa richesse ; dans notre péché qu’il veut offrir son pardon ; dans notre mort à nous-mêmes qu’il veut faire jaillir sa Vie.
Dans quelques instants, en vous présentant le Corps et le Sang du Christ comme à chaque messe, je résumerai ces Béatitudes en une seule : "Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau". Oui heureux sommes-nous, car en communiant, nous devenons ce que nous recevons : le corps du Christ pauvre, doux, compatissant, miséricordieux, pacifique.
Puissions-nous avoir un cœur assez pur pour le voir réellement présent dans l’Eucharistie afin d’y puiser la force de témoigner avec courage notre joie de croire et d’espérer, notre bonheur de servir en aimant de l’amour dont il nous a aimés et continue de nous aimer.
Amen !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau
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