HOMÉLIE
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,
Séjour ressourcement marche dans les Highlands écossais (pour oublier la défaite au rugby… !!) avec des amis… M’a invité à me replonger aussi dans l’histoire chrétienne de l’Ecosse et surtout de constater la toute petite minorité catholique dans un pays qui a été largement protestant (Church of Scotland ; encore plus que les anglicans !) et qui est aujourd’hui largement agnostique ou athée…
Et j’ai aussi fait le lien avec l’Eglise catholique aux Pays-Bas (nous avons fait escale à Amsterdam) qui est un exemple assez terrible d’un effondrement complet de la foi : ça commence avant le concile puis la mauvaise application du Concile Vatican II finit par tout détruire… Le fameux catéchisme des évêques hollandais dans les années 70, non reconnu par Rome et le Pape St Paul VI car contenant des hérésies en a été l’apothéose et le début de la fin !!
Avec des problèmes graves. 2 exemples : dans certaines bibliothèques d’universités catholiques hollandaises et certains séminaires, on a brûlé tous les livres d’avant 1965 !! Le "wokisme" n’est pas d’aujourd’hui !! Faire table rase du passé par pure idéologie. Quand la foi devient une idéologie elle devient folle et elle meurt !
Autre exemple : on a voulu faire de l’Eglise des Pays-Bas une église de conseils ; à tous les niveaux ; on a multiplié les réunions ; la réunionite est devenue contagieuse ; ce n’était qu’un entre-soi de sachants et de « bons pratiquants » ; nivelant la question de l’autorité dans l’Eglise ; réduisant la réalité du sacerdoce, de l’eucharistie, des sacrements, etc. et la réunion a tué la mission, et c’est une Eglise aujourd’hui moribonde.
Ce n’est pas un hasard si c’est en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas qu’on trouve le plus d’églises désacralisées, transformées en bar, resto, bibliothèque, hôtels, etc. et ça fait mal !
La sécularisation et l’absence de foi véritable des chrétiens a engendré un effondrement global de la foi mais aussi de l’espérance et de la charité. C’est pourquoi dans la collecte de ce dimanche nous avons demandé à Dieu la foi, l’espérance et la charité car nous en avons besoin, d’un besoin vital, essentiel et fondamental… ! Et nous avons précisé : « et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais nous aimer ce que tu commandes ». Aimer ce que Dieu nous demande et nous commande ! C’est là tout l’enjeu en comprenant bien ce que cela veut dire ! Evitons la confusion ; Cherchons la Vérité ; et aimons en vérité.
1/ Evitons la confusion, chers amis : La confusion c’est ce que préfère le démon !
La confusion dans nos cœurs, dans nos émotions, nos sentiments, notre volonté, notre équilibre, notre combat. La confusion à tous les niveaux pour faire perdre pied, faire trébucher, faire décourager et désespérer. Et ça marche souvent très bien, malheureusement ! En avoir bien conscience c’est déjà un bon point dans le combat à mener… Eviter la confusion et ne pas se laisser déstabiliser par celle-ci en nous et autour de nous…
Le mystère du mal dans l’histoire et dans le cœur humain m’a toujours interpelé, et je lis en ce moment le livre de Jean-Pierre Le Goff : « Mes années folles ; Révolte et nihilisme du peuple adolescent après Mai 68 » (éd. Robert Laffont). Afin d’essayer de comprendre et de débusquer les confusions, les erreurs, les mauvaises interprétations et les très nombreuses manipulations… Et c’est fort instructif ! Et parfois sidérant !
Le « peuple adolescent » de mai 68 (et donc aussi avant et après) qui se vautre dans une confusion totale avec ses fameux slogans : « il est interdit d’interdire » ; « Que chacun de vous soit un moi tout-puissant » ; « Ni maître ni Dieu. Dieu c’est moi » ; « Il n’y a rien au-dessus de moi », etc.
Voilà ce « moi » adolescent qui se prend pour le centre du monde, le centre de toutes choses et qui bouleverse un monde qui ne sait plus être adulte, c’est-à-dire qui ne sait plus discerner, penser, réfléchir, prendre du recul, choisir, se sacrifier et au final qui ne sait plus aimer ni se donner, pris dans ses contradictions et ses confusions. Nous sommes héritiers de ce monde-là ! Et cela ne cesse de s’amplifier ! Et cela a touché aussi l’Eglise et encore aujourd’hui… Le Cardinal de Lubac dira en août 1968 en parlant des Jésuites dont il est membre : « Parler de décadence est trop peu : c’est de déchéance qu’il faut dire (…) » Et il sait mieux que personne ce dont il parle ! (2 conseils de lectures : « L’Eglise dans la tourmente de 1968 » d’Yves Chiron, et « Pour la sanctification du monde, l’héritage de Vatican II » de George Wiegel : excellents et éclairants ! Si un jour j’ai le temps je vous proposerai une conférence sur la théologie de Vatican II et son contexte historique que j’ai déjà donné aux étudiants de la Roche en février dernier…)
Oui, chers amis, évitons la confusion et formons nous, prions, travaillons, pour sortir de cette confusion, clarifier les choses, et cela en cherchant la vérité.
2/ Cherchons la Vérité
St Paul : « Vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable ». C’est la première étape indispensable : rejeter toutes les nombreuses idoles dans nos vies pour ne choisir que le Dieu vivant et vrai : Jésus Christ mort et ressuscité par amour pour nous et pour nous sauver !
La Vérité c’est le Christ et elle est immuable ! L’enjeu pour l’Eglise c’est d’annoncer cette Vérité, annoncer le Christ à ce monde contemporain, sécularisé, qui a oublié Dieu, qui a nié ou qui nit Dieu parce qu’englouti dans la confusion. C’est très sincèrement ce que veut l’Eglise et avec Elle le Pape François.
Le synode sur la synodalité ou sur l’avenir de l’Eglise qui, pour sa première phase se termine aujourd’hui à Rome. Je pense que le Pape ne désire par révolutionner l’Eglise mais qu’il désire en modifier quelques mauvaises habitudes. Le problème est double : la « médiation médiatique » et l’importance de l’équilibre.
L’Eglise est parfois naïve sur la « médiation médiatique » qui fait que les fidèles puisent leur information dans les médias qui déforment plus qu’ils n’informent, surtout en matière ecclésiale et en matière de foi. Cela a été le cas pour le Concile Vatican II, et cela est encore le cas aujourd’hui ! Cela déforme ! Donc attention aux médias… Et il y a la question de l’équilibre : il faut, en Eglise, se retrouver pour prier, invoquer l’Esprit Saint, savoir ce que l’Esprit souffle et inspire aux Eglises et aux croyants rassemblés en communauté ; et donc il y a aussi besoin de rencontres, de réunions, de partage ; mais avec un cadre et dans des limites pour que ce ne soit pas au détriment du dynamisme missionnaire, au détriment de la sainteté de ses membres qui risqueraient d’être embourbés dans des questions d’organisation interne et de structures ! Et là-dessus le Pape est vraiment très missionnaire et il veut donner une dimension pastorale évangélique à toute l’Eglise. C’est son but, je crois, avec ce synode : que toute l’Eglise et tous les baptisés soient des "disciples-missionnaires" ! Que tous prennent par à sa mission et pas seulement les clercs ou des « spécialistes » de l’Evangile !!
Chercher la Vérité et donc chercher à suivre le Christ se fait en Eglise, en se laissant conduire et guider par l’Esprit Saint. Et nous chercherons la Vérité d’abord en aimant en vérité, comme le Christ nous le demande.
3/ Aimons en vérité : Comme dimanche dernier, Jésus est mis à l’épreuve. Il ne tombe pas dans le piège. Quand on attend une réponse caricaturale, simpliste et binaire, Jésus, Lui, donne une réponse équilibrée pour demeurer dans la vérité de l’amour : aimer Dieu et aimer son prochain. St Paul le précisera : « l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour »
L’amour chrétien qui est vrai, c’est-à-dire selon Dieu, à la suite du Christ, n’est ni naïf, ni adolescent, ni sentimentaliste, ni idéologie. Il est amour en acte et vérité !
C’est le mal de notre monde et sa confusion principale : tout est relatif car il n’y a plus de vérité et on a évacué Dieu et le Christ ; il ne reste dans l’amour qu’un vague sentiment mouvant et changeant. Pour beaucoup aujourd’hui l’amour rime avec mensonge et non plus avec toujours, et il est source de blessures, de tristesse et de désespoir car la confusion règne ! On a oublié que « aimer » c’est « je veux t’aimer, je m’engage à t’aimer »…
Trop souvent on ne retient de la phrase de Jésus que la première partie : « aimez vous les uns les autres » en oubliant la seconde partie : « comme je vous ai aimés ». Nous sommes invités à aimer Dieu et nos frères comme Jésus. L’amour vrai fait mal ! L’amour vrai ce n’est pas « coucou les petits oiseaux, tout est beau, tout est gentil, tout est facile ! » Non ! Encore une fois : la facilité est l’ennemi du bien !
Aimer Dieu et aimer son prochain : les dimensions verticale et horizontale, comme la croix, pour aimer comme Jésus : en se donnant par amour ! Aimer en vérité c’est aimer comme Jésus ! Sinon l’amour, le faux, conduit en enfer, déjà sur terre !
St Paul précise : « Jésus qui nous délivre de la colère qui vient » => l’enfer c’est l’homme lui-même qui le provoque et qui s’y met tout seul en refusant Dieu, son amour et sa miséricorde. C’est ça l’enfer ! C’est ça la colère qui vient et que l’homme ne cesse de provoquer en abandonnant Dieu et sa promesse d’amour ; en rejetant cette vérité de l’amour qui se donne, l’amour crucifié, l’amour donné ! L’amour n’est pas aimé…
Se confier à la Vierge Marie pour aimer comme Jésus : aimer Dieu et aimer son prochain en vérité !
Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +
Documents cités dans l'homélie :
Yves Chiron, historien spécialisé dans l’histoire religieuse contemporaine, a écrit de nombreux ouvrages de référence sur les apparitions, les béatifications et les canonisations, traduits en plusieurs langues.
Originaire du Gard et résidant actuellement en Vendée, il est directeur du Dictionnaire de biographie française, spécialiste de l’histoire de la papauté. Il est auteur d’ouvrages de référence sur les apparitions mariales, les miracles, les béatifications et les canonisations, traduits en plusieurs langues, dont Padre Pio : le stygmatisé, L’Histoire des conciles, Petite vie des voyants de Fatima, et plus récemment, Françoisphobie - François Bashing…
Des recherches rigoureusement documentées pour mettre en lumière la vérité, voici ce qui caractérise le travail d’Yves Chiron.
George Weigel est un écrivain américain, spécialisé dans la théologie et les sciences politiques.
Originaire du Maryland, il étudia à l'Université Sainte-Marie de Baltimore et obtint sa maîtrise au collège universitaire Saint-Michel de Toronto. Il a vécu à Seattle et a enseigné la théologie à Kenmore avant de revenir à Washington au centre de recherche Woodrow-Wilson.
En 1986, il a fondé la fondation James-Madison. Récipiendaire de huit doctorats honoris causa, il a reçu le prix pontifical Pro Ecclesia et Pontifice et la médaille polonaise Gloria Artis.
Il réside avec son épouse à North Bethesda. Il préside actuellement à la chaire d'études catholiques et de politique publique de Washington. Il collabore aussi au Discovery Institute. Il est particulièrement connu pour sa biographie de Jean-Paul II : « Jean-Paul II, témoin de l'espérance ».