0
Actus paroissiales
Célébration d’A Dieu de Sœur Marie-Anne (sœur Marie-Annick)
Célébration d’A Dieu de Sœur Marie-Anne (sœur Marie-Annick)
© a

| Webmaster 2552 mots

Célébration d’A Dieu de Sœur Marie-Anne (sœur Marie-Annick)

Vendredi matin, l’émotion était intense lors de la messe au carmel de Luçon. La célébration coïncidait avec celle des obsèques, à Alep, de Sœur Marie-Anne de Thérèse de Jésus, carmélite qui avait prononcé ses vœux à Luçon et qui avait accepté l’envoi dans le carmel d’Alep en 1986.

            De nombreux membres de la famille de sœur Marie-Anne, plus connue en Vendée sous le nom de sœur Marie-Annick, sont venus pour la célébration d’A Dieu dans la chapelle du carmel. Comment ne pas voir un signe dans le calendrier liturgique du jour ? Sœur Marie-Annick est décédée lors de la semaine mondiale des Missions, elle qui est partie comme « missionnaire à Alep », avec 4 autres carmélites françaises. Leur don a permis de sauvegarder le carmel en milieu musulman, dans un pays tourmenté par des tensions puis par la guerre civile. Et les obsèques ont été célébrées le jour de la saint Jean-Paul II. Le pape François avait reçu sœur Marie-Annick à Rome en 2015 à l’occasion de la canonisation de sœur Sainte-Marie de Jésus Crucifié.

La célébration était présidée par le Père Renaud Bertrand, très proche de la communauté carmélitaine de Luçon, mais aussi correspondant de l’œuvre d’Orient dans le diocèse. Le Père Henri Baudry, longtemps délégué épiscopal près des communautés religieuses du diocèse, concélébrait. Au début, sœur Marie-Roselyne, prieure, a lu le mot d’accueil et celui rédigé par la prieure du carmel d’Alep, lu en même temps en Syrie. Cette première intervention a été écoutée dans un silence traduisant une profonde communion : « Que vous dire de sœur Marie-Anne ? Vous la connaissez beaucoup. Elle est arrivée à Alep en janvier 1987, avec quatre autres Carmélites françaises. Il lui fut confié aussitôt la charge de Prieure qu’elle exerça de tout cœur pendant six ans… L’adaptation à une vie nouvelle, l’apprentissage de l’arabe, autant de difficultés qui furent vécues dans l’abandon et la foi. Sœur Marie-Anne était également chargée de la « provisoirerie » (NDLR lieu d’approvisionnement de la cuisine, de la préparation des repas), mission qu’elle a dû abandonner ces jours derniers. Elle aimait les travaux manuels et particulièrement la broderie, avait des dons pour le dessin et la décoration et était chargée de l’ornementation des tables du réfectoire les jours de fête… Son imagination et ses dons d’artiste se donnaient libre cours même si cela devait être aux dépens de son repos et de la ponctualité dans la vie communautaire… » Quelques hochements de tête dans la chapelle indiquaient que cette remarque était juste, amusante. « Ces derniers mois, nous avons été témoins d’une œuvre de libération et de pacification qui nous a beaucoup touchées…. Mercredi après-midi, le 20 octobre elle fut prise de violents maux de tête. Elle perdit quelques minutes connaissance. A l’hôpital saint-Louis, elle put recevoir les derniers sacrements. Elle partit chez son Seigneur ce jeudi 21 octobre vers 8 h 30 du matin… Sœur Marie-Anne nous laisse un exemple de grande fidélité, de simplicité, préoccupée avant tout de vivre le silence intérieur. Aucune souffrance ne lui était étrangère ». Sœur Marie-Roselyne a conclu l’accueil en rappelant ce qui lui a semblé marquant dans la vie de sœur Marie-Anne. Née aux Essarts, elle était la dernière d’une grande fratrie. Elle a enseigné jusqu’à l’âge de 21 ans. Répondant à l’appel de Dieu, elle est arrivée au carmel de Luçon le 22 août 1963. Pendant 24 ans, elle a retenu l’attention de ses sœurs religieuses par « son bon sourire, ses compétences diverses, pâtisserie, infirmerie. Elle assumait la responsabilité de l’animation liturgique » dans la communauté.

            En 1986, un appel de la Congrégation pour les religieux à Rome est arrivé jusqu’au carmel de Luçon : il fallait envoyer des sœurs pour maintenir une présence de la vie consacrée en Syrie où le carmel d’Alep risquait de disparaître sans l’arrivée de nouvelles religieuses. C’est ainsi que sœur Marie-Annick a répondu à cet appel, tout en mesurant le dessaisissement que cela allait entraîner. Mgr Paty a eu la joie de célébrer l’eucharistie du départ à l’occasion de la semaine missionnaire, le 19 octobre 1986. Sœur Marie-Annick a eu l’occasion de revenir en France à plusieurs reprises. La dernière fois, ce fut en 2015… La photo placée dans le chœur de la chapelle a été prise lors de la célébration à laquelle elle a participé à Rome, au moment de l’audience avec le Pape François. Ainsi sœur Marie Roselyne pouvait conclure : « Aujourd’hui, entrée dans la lumière de Dieu, sœur Marie-Anne, Marie-Annick, connaît sans doute la joie dont nous n’avons pas encore idée mais qui déjà, transparaît dans son regard sous nos yeux. »

            Au début de la célébration, près des fleurs expressions de l’affection familiale, un cierge a été déposé devant la photo de sœur Marie-Anne, puis un vase d’où s’échappaient les volutes d’encens. Dans son homélie, le père Renaud Bertrand a fait le lien avec  la semaine missionnaire soulignant le don de la vie de sœur Marie-Anne, mais aussi un don auquel chaque baptisé est invité, en fonction de ce qu’il peut offrir. Les carmélites avaient célébré l’office du milieu du jour avant la messe, ce qui leur a permis de se rendre disponibles pour rencontrer la famille et les amis de sœur Marie-Anne.

Soeur Marie-Anne à Alep (3ème à droite).jpg
Soeur Marie-Anne à Alep (3ème à droite).jpg © Église de Luçon
Soeur Marie-Anne à Alep (3ème à droite).jpg
L’autel au carmel, avec la photo de soeur Marie-Anne.jpg
L’autel au carmel, avec la photo de soeur Marie-Anne.jpg © C.Loisy
L’autel au carmel, avec la photo de soeur Marie-Anne.jpg

Un moment marquant pour le diocèse de Luçon et pour les carmélites.

            Le 4 juin 1986, le père Philippe Sainz de Baranda, Préposé général de l’ordre des Carmes, envoie une lettre aux religieuses présidentes des fédérations carmélites du Midi. Il intervient au nom du saint Père car la situation du carmel d’Alep est alarmante. Pour certains « ce serait un carmel à supprimer » car des 22 religieuses consacrées en 1964, il n’en restait que trois. Pour le pape, il n’est pas envisageable d’abandonner ce carmel, présence de l’Eglise dans cette région du monde. Il souhaite que ce soient des carmélites françaises qui aillent rejoindre les 3 carmélites présentes à Alep, mais 3 religieuses dont la santé est défaillante.

            L’appel est entendu à Luçon, à Lyon, à Nantes, à Saint Sever, à Bordeaux. Sœur Marie-Annick se porte volontaire : « Je me sens revivre en plongeant dans ce désir que Dieu soit aimé et prié en terre syrienne J’ai été heureuse dans l’Eglise particulière de Luçon, mais participer à l’affermissement d’une autre Eglise est exaltant. » Pourtant, cette mission nouvelle peut présenter des difficultés importantes : milieu différent, langue différente, la religion musulmane très présente. La famille de sœur Marie-Annick est un peu abasourdie en apprenant cette décision. Un de ses frères s’est exprimé : « Il y a l’éloignement : c’est toujours un peu douloureux de voir s’éloigner un être cher. Il y a aussi le lieu où tu pars, qui a amené quelques angoisses. » Pour sa maman qui avance en âge, c’est le risque de ne plus voir sa fille. Pour des proches, l’entrée au carmel est parfois vécue comme une rupture, alors entrer au carmel dans un pays aussi lointain et différent, c’est difficile à accepter. Sœur Marie-Annick, avant de partir, a eu la possibilité de passer quelques jours dans sa famille « Ça m’a fait drôle de me retrouver au milieu de mes frères et sœurs, dit-elle. J’étais heureuse de les voir, mais hors d’ici, je me sentais comme un poisson hors de l’eau. Je suis faite pour la vie du carmel. »

            Le temps de la préparation, de la prière a permis d’avancer dans l’acceptation de ce choix, c’est ce qui rassure sa famille : « Je pense que la semaine passée parmi nous a levé bien des ambiguïtés… A nos yeux, tu es une femme bien en chair et en os qui par amour pour Dieu a fait un choix. Pourquoi se poser des tas de questions ? » Et, sereine, sœur Marie-Annick a eu la joie d’être très entourée par sa famille, par de nombreux prêtres du diocèse, le 19 octobre 1986. Mgr Paty, évêque de Luçon en exercice en 1986, très ému de voir partir cette religieuse, explique dans son mot d’accueil la décision du pape « Il veut cette présence pour montrer humblement et discrètement le visage du Christ absolument nécessaire aujourd’hui comme hier pour l’avenir du monde…Il veut cette présence en ces lieux d’où est venue la lumière de la foi, ces lieux comme la grande ville d’Antioche, où sont passés tant de messages de la Bonne Nouvelle : saint Paul, saint Ignace…l’Occident doit empêcher cette lumière de s’éteindre » Après l’homélie prononcée par le Père Guy-Joseph Merlin, provincial des carmes, sœur Marie-Annick a renouvelé ses vœux entre les mains de sœur Christiane, prieure du carmel. On devine avec quelle attention  ce moment a été vécu, comme en 1965.

            Sœur Marie-Annick a reçu des cadeaux très symboliques : la famille lui a remis un petit chêne de Vendée qui établira un lien entre la Vendée et la Syrie. L’évêché et le carmel ont offert un peu de terre du carmel et de l’évêché déposés dans un petit sac en forme de cœur vendéen. Autre moment important : Mgr Paty a lu une lettre venant du Vatican et présentant la bénédiction du pape Jean-Paul II. La maman a reçu cette lettre accompagnée d’un chapelet « car cette maman a donné une seconde fois sa fille bien aimée à l’Eglise ». Au moment de l’envoi, sœur Christiane a partagé son espérance car « le départ de sœur Marie-Annick constitue une aventure dans l’inconnu et dans la foi. Humainement parlant, c’est un peu fou. Pour réaliser cette mission, il faut vraiment s’appuyer sur Dieu »

            Ce rappel vient à point dans le cadre de la semaine mondiale missionnaire 2021. Sœur Marie-Annick nous laisse le témoignage d’une vie totalement donnée pour laquelle nous ne pouvions que rendre grâce. Mgr Paty avait conclu la célébration d’envoi : « Sœur marie-Annick, merci ! Vous aidez votre Vendée natale à assumer sa mission. Vous nous aidez à porter la part qui nous revient du souci de toutes les Eglises »

C. Loisy, le 23 octobre 2021

(Archives du Carmel – Eglise de Luçon 1986 – photo personnelle)

2-soeur Marie-Annick.jpg
2-soeur Marie-Annick.jpg © Église de Luçon
2-soeur Marie-Annick.jpg
Soeur Christiane reçoit les voeux de soeur Marie-Annick..jpg
Soeur Christiane reçoit les voeux de soeur Marie-Annick..jpg © Carmel de Luçon
Soeur Christiane reçoit les voeux de soeur Marie-Annick..jpg


SOUVENIRS :

 

En direct du Carmel d’Alep

Sœur Marie-Anne, Carmel d’Alep, le 10 novembre 2014

A lire sur :

LE SITE DE LA VIE CONSACRÉE DU DIOCÈSE DE LUÇON


 

Circulaire du Carmel d’Alep

Vos sœurs carmélites d’Alep, le 27 décembre 2014,

en la fête de saint Jean l’Évangéliste, le « bien-aimé », comme on dit ici.

Au carmel d’Alep sœur Marie-Anne est vendéenne, et sœur Anne Françoise vient du carmel de Nantes, ses parents habitent Bazoges-en-Pareds depuis longtemps.

A lire sur :

LE SITE DE LA VIE CONSACRÉE DU DIOCÈSE DE LUÇON

Répondre à () :


Captcha