HOMÉLIE
"Allez !... De toutes les nations faites des disciples, baptisez les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit …" Après sa Résurrection, lors de son passage en Galilée, appelé couramment le "carrefour des païens", Jésus envoie ses Apôtres en mission vers "toutes les nations."
Jésus nous fait entrer dans l’aventure missionnaire qui commence et ouvre vers l’infini. C’est bien vers l’infini qu’il les envoie : l’immensité du monde et l’infini des siècles, puisqu’il ajoute : "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."
Jésus a préparé ses disciples pour la mission, mais ils ont encore beaucoup à apprendre pour devenir des disciples missionnaires. Saint Matthieu précise même que "Certains eurent des doutes." La mission est pleine de risques car elle dépasse tout ce que l’esprit humain peut imaginer ou concevoir. Il s’agit d’établir la communication entre Dieu et les hommes. Jésus confie à ses disciples le soin d’en répandre le feu. "Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit."
Cette formule Trinitaire : "Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" est la clé du mystère de notre foi. Nous croyons en un seul Dieu nommé en trois Personnes distinctes : le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Lors de notre baptême, nous avons été littéralement plongés dans la vie et l’amour qui unit le Père, et le Fils et le Saint Esprit.
Depuis l’Ascension de Jésus, nous comme appelé à vivre le mystère de sa présence au cœur de l’absence. Saint Paul l’écrit aux Corinthiens : "Eh bien moi, je suis absent de corps, mais présent d’esprit." En effet, nous pourrions nous décourager en éprouvant une certaine absence de Dieu, comme les disciples au moment de son départ. L’actualité marquée par la violence dans les rues, l’inquiétude face à l’avenir, la pauvreté matérielle, morale et spirituelle. Pourtant l’Ascension de Jésus stimule notre espérance en raison de la promesse de Jésus : "Je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin des temps …".
D’où l’ordre de mission qu’il donne à ses premiers disciples et à nous pour devenir ‘disciples missionnaires’ porteur de la joie de l’Evangile. A la Pentecôte, ils ont reçu le feu de l’Esprit qui les a libérés de la peur qui les paralysait depuis la mort de Jésus.
Très vite ils seront confrontés aux questions des autorités politiques et religieuses lorsque Pierre et Jean ferons des miracles : "Par le nom de qui avez-vous fait cette guérison ? ..." En effet, il n’était pas permis d’invoquer un autre nom que celui de Dieu. Or Jésus parle de Dieu en citant trois personnes, alors que Dieu est unique.
Viendront les premières persécutions annoncées par Jésus lors de son dernier repas : "On vous exclura des assemblées. […] ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu […] "Ils feront cela parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi." Oui, Jésus l’affirme : "Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde."
Il en est ainsi pour nous aujourd’hui. La mission que Jésus nous confie, comme à ses apôtres, s’apparente à une folie aux yeux du monde. L’histoire de l’Eglise est jalonnée par les persécutions. Nous ne devons jamais l’oublier que notre engagement n’est pas le nôtre, mais celui du Christ ressuscité qui a voulu nous associer à sa mission. Il n’est donc pas nécessaire de nous inquiéter des résultats : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! ..." C’est lui qui nous envoie, mais c’est lui qui a tout pouvoir.
Peu de jours après son élection, un ami demande au pape Jean XXIII : "Très Saint Père, comme la charge doit être lourde ! ..." ; il répond : "C’est vrai, le soir, quand je me couche, je pense Angelo, tu es le Pape et j’ai bien du mal à m’endormir ; mais, au bout de quelques minutes je me dis Angelo, que tu es bête, le responsable de l’Eglise, ce n’est pas toi, c’est le Saint-Esprit ! … Alors je me tourne de l’autre côté et je m’endors ! ..."
Frères et sœurs, en ce jour de son Ascension, Jésus veut nous réveiller de notre somnolence spirituelle. Dans 10 jours, nous célèbrerons la grande fête de la Pentecôte, fête de la naissance de l’Eglise. Prions le Saint Esprit pour que l’évangélisation devienne notre passion : annoncer au plus grand nombre qu’ils sont aimés de Dieu et que Dieu en son Fils Jésus veut notre bonheur pour l’éternité. Qu’il ravive en nous le désir du ciel, car "vivre au ciel, c’est vivre avec le Christ" rappelle le Catéchisme de l’Eglise Catholique.
Mettons-nous à l’école de ‘Marie, étoile de la Nouvelle Evangélisation’. Marie nous apprend à aimer le Christ, à le recevoir et à le transmettre. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort disait : Par Marie, Jésus est venu jusqu'à nous ; par Marie, nous allons à Jésus." Notre patrie, c’est le Ciel. La Vierge Marie l’a confirmée en se présentant à aux triis enfants de Fatima lors de la 1ère apparition, le 13 mai 1917 : "Je suis du Ciel …".
Que le vent de l’Esprit souffle une nouvelle Pentecôte sur la France, sur notre diocèse et notre paroisse ; sur nos familles et chacun de nous. Que le souffle de l’Esprit réveille en nous "le désir du ciel [car] c’est le désir d’aimer et d’être aimé puisque le Ciel est l’union parfaite avec le Seigneur Jésus." (Père Joël Guibert)
Que cette fête oriente notre regard vers le ciel et nous rappelle notre destination finale, le ciel. Ce qui faisait dire au saint curé d’Ars : "Ici-bas nous sommes comme à l’hôtel"
Frères et sœurs, à nous désormais de révéler au monde cette présence aimante de Dieu, au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau
Saint du jour avec