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Homélies paroissiales
Homélie de la Toussaint 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
Homélie de la Toussaint 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
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Homélie de la Toussaint 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau

HOMÉLIE

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,

Connaissez vous la fameuse cerbère mi- femme mi- bouc, gardienne des ténèbres ? Alors non ce n’est pas une paroissienne ! Mais c’est une statue haute de 10 mètres, qui va être en partie financée par les collectivités locales (budget de 12,5 millions d’euros au total quand même) et installée sur un terrain public, à l’entrée du Hellfest à Clisson… Sans que personne n’y voit rien à redire… C’est une déesse païenne, déesse des enfers, mais ça ne pose aucun problème contrairement à la statue de l’Archange St Michel de moins de 2 m. devant une église des Sables d’Olonne. On fête Halloween partout sans scrupule avec de nombreuses références et croyances religieuses démoniaques, de magie noire, de sorcellerie, sous couvert de commerce et de business, et ça passe comme une lettre à la poste… Comment voulez-vous que notre monde aille bien et mieux ?

Alors, heureusement, nous avons les saints et les saintes de Dieu ! Et il nous faut les fêter pour nous en inspirer et vivre de la même grâce divine. Même si, au final, à la Toussaint, nous fêtons moins les saints que la Sainteté de Dieu qui transforme des vies et qui sanctifie car le seul et unique saint c’est le Seigneur ! C’est « Holly win » que nous fêtons, c’est-à-dire les saints qui gagnent, la victoire des saints ou plutôt la victoire de la grâce divine dans la vie d’homme et de femme pécheurs qui laissent toute la place au Christ et à l’Esprit Saint pour témoigner de l’amour du Père. Voyons tout cela de plus près chers amis : tous saints, pas un état mais un combat, et donc être petit. 

1/ Tous saints !

A la Toussaint, nous fêtons tous les saints et saintes du Ciel. Savez-vous combien il y en a ? Non ?! Moi non plus et je crois que personne ne le sait, sauf le Bon Dieu ! Combien de saints inconnus, cachés, discrets, que seul Dieu a vu ou voit… 

Et vous tous chers amis ? Vous savez que les premiers chrétiens s’appelaient la communauté des saints, non par orgueil ou vanité, mais dans une juste humilité car ils se savaient membres de l’Eglise, le Corps du Christ, le Seul Saint. La sainteté ne vient pas d’eux-mêmes ni de nous, elle vient du Christ, de Dieu. L’Eglise est Sainte composée de pécheurs. Profond paradoxe que nous devons éprouver et vivre aussi dans nos vies respectives, concrètement, chaque jour…

Depuis le début jusqu’au Concile Vatican II, l’Eglise le rappelle : nous sommes tous appelés à la sainteté, c’est-à-dire à la vie et la communion avec Dieu et en Dieu, et ce dès maintenant ! Et tous les baptisés !

Si vous croyez encore que la sainteté c’est être parfait au sens humain et mondain, et bien vous êtes mal barrés ! C’est ce que disait avec force Jean Leclerc : « J’ai appris à me méfier de la perfection, je déteste la perfection. J’ai choisi la sainteté, c’est Dieu qui me la donne. La perfection est au bout du chemin que je me suis tracé moi-même pour moi-même ; la sainteté, elle est donnée pour maintenant, pour tout de suite. La perfection est humiliée par son péché, elle ne le supporte pas ; la sainteté n’est jamais humiliée, elle est humble. On est humilié quand on se croyait quelqu’un, on est humble quand on accepte d’être un pauvre ». Et heureux les pauvres de cœur, ce sont ceux-là ! La vraie pauvreté c’est celle-là !

Comme le disait le Bx Père Michel Spocko, confesseur de Sainte Faustine : « L’Evangile ne consiste pas à proclamer que les pécheurs doivent devenir bons, mais que Dieu est bon pour les pécheurs ». Oui, que Dieu est bon pour les pécheurs ! Et c’est cette bonté de Dieu qui va transformer les pécheurs. Car un pécheur qui accueille en vérité cette bonté et cette miséricorde de Dieu dans sa vie, il devient un saint ! Et un pécheur accueille cette bonté de Dieu dans sa vie, s’il a foi en Dieu et en sa promesse ! S’il fait confiance. S’il croit de tout son cœur. C’est le sens des Béatitudes : voir au-delà des apparences, des fausses illusions, des pièges du monde. Avoir la foi et voir avec les yeux du cœur, les yeux de la foi pour voir la vérité de l’Amour et de la Présence de Dieu qui sauve. Et cela, chers amis, c’est à notre portée à tous. Il nous faut en avoir bien conscience : Dieu nous invite à être saints et à entrer dès maintenant dans la grande danse et la profonde communion des saints du Ciel… Et nous le sommes le plus lors de la Sainte Eucharistie où nous entrons en communion avec Dieu, et en communion les uns avec les autres, en Eglise, et en Dieu. Il faut faire partie de la foule immense de l’Apocalypse que nul ne pouvait dénombrer… Pour cela, il faut combattre… 

2/ Pas un état mais un combat

Aucun d’entre vous ne peut me dire « je suis saint » ni « je ne suis pas saint ». La sainteté ou la non-sainteté n’est pas un état, mais c’est un combat ! C’est le combat de la foi et de la confiance, et il faut le mener de toutes ses forces. C’est LE combat d’une vie, de la vie. C’est ce qui donne sens à tout le reste.

Il faut prendre tous les moyens possibles pour chercher la Face du Seigneur, comme nous l’avons chanté.

Dieu a déjà vaincu mais sa victoire doit encore se manifester pleinement dans son Corps qu’est l’Eglise, et donc dans chacun de nous. Comme le dit St Jean : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ».

C’est quand même l’avantage : on doit combattre en sachant que c’est déjà gagné ! Donc joie ! Joie des Béatitudes ! Mais on doit combattre. Les Béatitudes sont une carte et une boussole pour se repérer et prendre le bon chemin vers la Vie Eternelle, c’est-à-dire la vie avec le Christ qui commence dès maintenant. Ce qu’il faut, c’est vivre tout cela « à cause du Christ » et pour le Christ. Comme le demande St Paul, il faut mettre en lui notre espérance. Et espérer n’est pas un état mais un combat. Croire et aimer, ce n’est pas état mais un combat. Etre chrétien, ce n’est pas état mais c’est un combat. Etre saint ce n’est pas un état mais un combat ! Et un combat de chaque jour pour choisir le Christ et le Bien, et rejeter la déesse des ténèbres et le mal. Un combat pour croire, espérer et aimer, et ne pas tomber dans les pièges du démon qui veut nous conduire à la haine et au désespoir. Un combat pour rendre grâce dans la joie et non pas se plaindre et gémir sans cesse. A Luçon, comme ailleurs, il n’y a jamais eu autant de succès pour les charlatans, les attrape-rêves, les voyants, les rebouteux, etc. qui jouent avec tout ça, dont certains non loin de la cathédrale… Des vendeurs de mensonges et ça rapporte gros ! Il faut choisir et mener le combat de la vraie foi au Christ Jésus mort et ressuscité. Il faut choisir les bons anges : St Michel ou Lucifer ? Choisir de suivre le bon esprit : l’Esprit Saint ou les mauvais esprits ?

Oui, chers frères et sœurs, la sainteté n’est pas un état mais un combat. Mener le combat de la prière, de la fidélité, de la patience et de la persévérance pour laisser toujours plus de place au Christ. « Il faut qu’Il grandisse et que je diminue ». Mener le combat pour être petit… 

3/ Et être petit

Être petit pour que le Christ soit grand en nous ! Laisser la place au Christ dans nos vies c’est ça la sainteté ! Et Dieu ne regarde pas selon les apparences, comme regarde le monde et les hommes. Dieu regarde le cœur. Par exemple, nous calculons la taille d’une personne (1m20, 1m90) en partant de la terre, des pieds à la tête, alors que Dieu mesure la personne en partant de la tête jusqu’au ciel, ce qui fait que les plus petits sur la terre sont les plus grands dans le Royaume des Cieux : « Laissez venir à moi les petits enfants. Le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » nous dit Jésus. Comme pour les Béatitudes ! Heureux ceux qui sont petits et qui laissent toute la place au Christ dans leur cœur et dans leur vie ! Grande sera leur joie !

Est petit celui qui vit dans la pleine confiance en Dieu, en sa bonté et sa miséricorde. Sans retour sur lui-même, sans être obsédé par son péché, ses défauts, ses faiblesses, mais en étant toujours et sans cesse tourné vers le Seigneur, centré sur le Christ. C’est essentiel dans la vie spirituelle ! Parfois, on vient me voir en me disant : je manque d’humilité, je suis trop centré sur moi ; j’essaye de ne pas l’être mais je n’y arrive pas, etc. Evidemment ! Si on combat le mal et le péché frontalement, on perd ! Il faut passer par le Christ ! Il faut donc se centrer sur le Christ et c’est ainsi qu’on se décentre de soi-même. Il faut laisser toute la place au Christ et c’est lui qui en nous va combattre, qui va purifier et sanctifier ! Non pas nous avec nos pauvres forces mais le Christ en nous. Etre petit pour le laisser agir et œuvrer ! être petit en rendant grâce à Dieu sans cesse pour faire toute la place au Christ !

Et ça commence maintenant et tout de suite ! Dans "L’ami arménien", le roman d’Andreï Makine de l’Académie française (une merveille littéraire !), le jeune Vardan, de manière très poétique, parle de toucher le Ciel de ses doigts car c’est finalement le même air qu’on respire ici-bas qu’au Ciel : « 

Là, à notre hauteur, c’est le même air qu’au milieu des nuages, c’est-ce pas ? Donc, le ciel commence à partir d’ici, et même plus bas, tout près de la terre – en fait, sous nos semelles !

 » (…) « Cette main touchant le ciel deviendrait une secrète raison d’espérer ». 

Chers amis, pensons y. N’hésitons pas à toucher le ciel pour vivre de la Présence discrète mais aimante du Christ au milieu de nous.

Demandons à la Reine du Ciel, la Vierge Marie, de nous y aider par sa prière et son intercession.

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Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +


Documents cités dans l'homélie :

 

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Nationalité : France
Né(e) à : Krasnoïarsk , le 10/09/1957

Andreï Makine est un écrivain d'origine russe et de langue française. Devenu orphelin très jeune (ses parents sont probablement morts en déportation), il passe ses premières années à l'orphelinat, avant d'aller vivre avec sa grand-mère qui lui transmettra la langue et la culture françaises.
Dans les années 1980, il obtient un doctorat de l'Université d'État de Moscou après avoir déposé une thèse sur la littérature française contemporaine. Il collabore à la revue Littérature contemporaine à l'étranger (Cовременная художественная литература за рубежом), et enseigne la philologie à l'Université de Novgorod.
Au cours d'un voyage en France en 1987, il obtient l'asile politique, puis devient professeur de langue et de culture russes à Sciences Po et à l'École normale supérieure.
En 1990, il publie son premier roman, "La fille d'un héros de l'Union soviétique". Deux ans plus tard, il dépose une thèse de doctorat à la Sorbonne consacrée à l'œuvre de l'écrivain russe Ivan Bounine (1870-1953).

Il obtient la reconnaissance du public et de la critique avec son quatrième roman, "Le testament français", paru en 1995, pour lequel on lui décerne les prix Goncourt, Médicis et Goncourt des lycéens. L’obtention du Goncourt lui vaut, entre autres, d'obtenir la nationalité française en 1996, ce qui lui avait été préalablement refusé.
En 2001, il obtient le prix RTL-Lire pour "La Musique d'une vie" et, en 2005, le prix de la fondation Prince-Pierre-de-Monaco pour l'ensemble de son œuvre.
Toute l'œuvre d'Andreï Makine est écrite en français. Ses romans sont traduits dans plus d'une trentaine de langues. Ils recèlent une subtile intertextualité aux littératures, histoires et cultures russe et française, doublée d’une érudition pleine de compassion pour la nature humaine.
En 2011, il révèle qu'il a publié des romans sous les noms de Gabriel Osmonde et Albert Lemonnier.
Le 3 mars 2016, il est élu membre de l'Académie française au premier tour, au fauteuil occupé précédemment par Assia Djebar. Il se fait remarquer, depuis lors, par ses prises de position visant à exonérer le pouvoir russe de toute responsabilité dans le déclenchement et les actions survenues lors de la guerre en Ukraine.

Source : auteurs.contemporain.info http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2016/11/andrei-makine.html

A travers l’histoire d’une amitié adolescente, Makine révèle dans ce véritable bijou de littérature classique un épisode inoubliable de sa jeunesse.
Le narrateur, treize ans, vit dans un orphelinat de Sibérie à l’époque de l’empire soviétique finissant. Dans la cour de l’école, il prend la défense de Vardan, un adolescent que sa  pureté, sa maturité et sa fragilité désignent aux brutes comme  bouc-émissaire idéal. Il raccompagne chez lui son ami, dans le quartier dit du « Bout du diable » peuplé d’anciens prisonniers, d’aventuriers fourbus, de déracinés égarés «qui n’ont pour biographie que la géographie de leurs errances. »
Il est accueilli là par une petite communauté de familles arméniennes venues soulager le sort de leurs proches transférés et emprisonnés en ce lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal, en attente de jugement pour « subversion séparatiste et complot anti-soviétique » parce qu’ils avaient créé  une organisation clandestine se battant pour l’indépendance de l’Arménie.
De magnifiques figures se détachent de ce petit « royaume d’Arménie » miniature : la mère de Vardan, Chamiram ; la sœur de Vardan, Gulizar, belle comme une princesse du Caucase qui enflamme tous les cœurs mais ne vit que dans la dévotion à son mari emprisonné ; Sarven, le vieux sage de la communauté…

Un adolescent ramassant sur une voie de chemin de fer une vieille prostituée avinée qu’il protège avec délicatesse, une brute déportée couvant au camp un oiseau blessé qui finira par s’envoler au-dessus des barbelés : autant d’hommages à ces « copeaux humains, vies sacrifiées sous la hache des faiseurs de l’Histoire. »
Le narrateur, garde du corps de Vardan, devient le sentinelle de sa vie menacée, car l’adolescent souffre de la « maladie arménienne » qui menace de l’emporter, et voilà que de proche en proche, le narrateur se trouve à son tour menacé et incarcéré, quand le creusement d’un tunnel pour une chasse au trésor, qu’il prenait pour un jeu d’enfants, est soupçonné par le régime d’être une participation active à une tentative d’évasion…
Ce magnifique roman convoque une double nostalgie : celle de cette petite communauté arménienne pour son pays natal, et celle de l’auteur pour son ami disparu lorsqu’il revient en épilogue du livre, des décennies plus tard, exhumer les vestiges du passé dans cette grande ville sibérienne aux quartiers miséreux qui abritaient, derrière leurs remparts, l’antichambre des camps.


 


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