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Homélies paroissiales
Homélie du 1 octobre 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
Homélie du 1 octobre 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
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Homélie du 1 octobre 2023 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau

HOMÉLIE

Chers frères et sœurs bien aimés de Jésus Christ,

Quelle bénédiction divine d’avoir ces beaux textes de la Parole de Dieu en ce jour, pour notre fête de paroisse qui nous rassemble. Comme le demande St Paul : « recherchez l’unité ». Et tous les conseils que donne St Paul pour la vie chrétienne sont arrimés à sa profession de foi dans le Christ. C’est bien le Christ qui est le centre de tout : de notre vie, de notre personne, de notre communauté, de notre liturgie. « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père ».

Et notre communauté chrétienne de baptisés, n’est pas un rassemblement de personnes satisfaites d’elles-mêmes, bien sous tous rapports, nickels, impecs, au top ! Et non ! Et le curé pas mieux que vous ! Que ceux qui se croient justes et bien-portants sortent d’ici ! Et que les malades restent ! « Les prostitués et les publicains nous précèdent dans le Royaume de Dieu » chers amis ! « Les premiers seront derniers et les derniers seront premiers » comme le disait Jésus dimanche dernier ! Et comme nous y invite St Paul : « ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes ». Oh le boulot ! Là-dessus on est tous des pauvres ! Nous sommes une bande d’éclopés du cœur ! Et nous voici rassemblés ce matin en cette belle cathédrale qui depuis 1000 ans a vu passé, comme maintenant, des milliers et des milliers de pécheurs et de pauvres. Des hommes et des femmes comme nous, mais des pécheurs pardonnés, car venus prier et implorer la miséricorde infinie de Dieu. D’où chers frères et sœurs, l’importance cruciale et centrale de la messe dominicale pour humblement, en Eglise, prier et célébrer, et recevoir la vie même de Dieu qui se donne à nous inlassablement car il veut nous sauver, il veut nous pardonner, il veut nous partager sa vie et sa joie. Notre joie et notre paix ne viennent pas de notre propre satisfaction ou de nos mérites, mais elles viennent du fait de se savoir aimé, pardonné et sauvé par Dieu dans le Christ. Alors, ensemble, préparons nous à l’accueillir et à nous réjouir pour être vraiment vivant ! La vie en Eglise, la liturgie et la mission, chers amis. 

1/ La vie en Eglise : et ça frotte !

Si St Paul donne tant de conseils de vie commune et ecclésiale aux philippiens, comme aux corinthiens et aux autres, c’est que déjà ça devait frotter dur entre les baptisés ! Comme entre lui et St Pierre, et entre les Apôtres ! Et c’est bien normal ! La grâce ne supprime pas la nature mais elle la sublime. Notre pâte humaine marquée par le péché est ainsi faite et le Seigneur la prend telle qu’elle est pour que sa grâce nous transforme vraiment… Encore faut-il se laisser faire par le Seigneur et par sa grâce… C’est là tout l’enjeu… Et le Seigneur, pour cela, passe par des choses très concrètes, très incarnées, très simples, et souvent par nos frères et sœurs, par notre prochain…

St Paul nous le demande ainsi qu’à toute l’Eglise ; et comme curé je vous le demande : prenons soin les uns des autres ! Arrêtons de nous tirer dans les pattes ou dans le dos ! Arrêtons les petites mesquineries ou jalousies ! Arrêtons de nous juger de manière négative ! Arrêtons de nous plaindre pour des broutilles ! Mais laissons-nous bousculer et renouveler par l’Esprit Saint qui passe par l’Eglise, par la communauté et par le frère !

Souvent le problème c’est qu’on se regarde soi et ses intérêts, et alors forcément on se compare, on se juge, on se jalouse ! Et c’est valable pour tous ! Ce qu’il faut c’est regarder le Christ et partir toujours du Christ qui nous aidera à être à notre juste place et à nous réjouir et à nous émerveiller de ce qu’il y a de beau et de bon chez les autres et dans l’Eglise… C’est un travail ; c’est un exercice ; c’est un entraînement quotidien de charité et d’humilité pour en vérité suivre Jésus Christ ; et c’est ça l’Eglise et la vie en Eglise ! ça n’a rien de paradisiaque car ce serait un mensonge ; mais c’est incarné et réel, et c’est dans l’épaisseur humaine et relationnelle que la grâce agit et que le Seigneur donne sa paix et sa joie. La paix et la joie vraies et profondes sont les signes que cela vient de Dieu. Mais cela doit d’abord se vivre dans le cœur et donc dans la prière et l’intériorité, pour le vivre et le partager avec nos frères en Eglise. Sur sa carte de visite, Ste Mère Teresa avait inscrit : « Le fruit du silence est la prière. Le fruit de la prière est la foi. Le fruit de la foi est l’amour. Le fruit de l’amour est le service. Le fruit du service est la paix. » Et c’est cette paix qui vient d’abord du Christ et non de nous, et que nous venons chercher ici à la messe, et que Dieu veut nous partager en abondance… 

2/ La prière communautaire et la liturgie :

Dans la liturgie de la messe dominicale où le Seigneur nous rassemble et où le Christ célèbre en s’offrant au Père par l’Esprit Saint, et où Dieu nous donne, à nous son peuple, de participer à cette action et à sa prière, en s’offrant avec lui, nous sommes invités à nous center sur le Christ, le Prince de la Paix ! C’est Lui notre paix, la source et le socle solides de notre paix véritable. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ».

C’est le but de la célébration liturgique dominicale que de recevoir en Eglise, en communauté, tout du Christ, d’être en dépendance totale du Christ !

Je vous invite à lire ou relire la très belle lettre du Pape Desiderio desideravi sur l’importance de la liturgie de la messe ; de même notre évêque vient de sortir une lettre pour redonner aux prêtres des consignes sur l’importance de la liturgie. Celle-ci s’intitule : « Tous au service de la liturgie eucharistique ». Tout cela dans la continuité de notre thème d’année pastorale l’année dernière sur l’eucharistie car cela doit être le centre de notre vie. L’eucharistie étant « le sacrement de la charité et le lien de l’unité », selon St Augustin.

Et ce matin, pour bien et mieux vivre la liturgie où Dieu nous rassemble, j’aimerai insister sur 2 choses : le silence et la paix.

Il est nécessaire dans nos liturgies eucharistiques qu’il y ait du silence. Comme le dit le Pape François dans sa lettre : « Le silence liturgique est quelque chose de beaucoup plus grand. Il est le symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint qui anime toute l’action de la célébration ». (DD, § 52). Il faut du silence avant la messe pour se préparer et se disposer. Il faut du silence au début de la préparation pénitentielle pour faire un bref examen de conscience. Il faut du silence après l’homélie et après la communion. Il faut du silence pour ne pas faire notre truc à nous mais que ce soit bien l’œuvre de Dieu, l’œuvre de l’Esprit Saint. Sans silence et sans intériorité, nos liturgies ne riment à rien et sont vides du trop plein de nous-mêmes… Laissons le Seigneur habiter nos silences pour qu’il nous transforme en vérité.

Et la paix, chers amis. Et notamment le geste de paix que parfois nous faisons lors de nos célébrations car c’est un geste liturgique facultatif. Mais il est rarement bien fait ! Entre ceux qui en rajoutent des tonnes pour claquer la bise aux 30 personnes qui sont autour pendant 10 mn, et ceux qui ferment les yeux ne voulant surtout saluer personne, il y a bien sûr un juste milieu qui est le sens liturgique de ce geste qui n’a jamais été vraiment mis en place !

A ce propos, je vous conseille très vivement le livre du Père Jean-Baptiste Nadler intitulé : « L’esprit de la messe de Paul VI, pour un authentique renouveau liturgique ». Avec un ton très juste et très équilibré, il explique, à la suite du Pape François, que le temps est venu et mûr pour appliquer plus fidèlement la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II. Et notamment, par exemple, le geste de paix.

Et nous allons le mettre en place aujourd’hui, lors de cette messe. Au moment du geste de paix, quand le diacre dira : « Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix », et bien vous attendrez que la paix du Christ vienne de l’autel jusqu’à vous en passant par vos frères. Les diacres et les prêtres iront donner la paix du Christ depuis l’autel aux servantes de la liturgie qui iront ensuite au bout des bancs pour la donner aux fidèles qui s’y trouvent et qui, de là, donneront la paix du Christ, à leur voisin, et ainsi de suite. Ni plus ni moins ! Et en vous disant « la paix du Christ » et en répondant : « Amen ». Et ce sera vraiment la paix qui vient de l’autel, qui vient de la Présence réelle du Christ. Le Seigneur nous donne sa paix et nous demande de la partager à nos frères et sœurs, avant de communier à son Corps et à son Sang. Le geste de paix ce n’est pas d’abord se taper la bise ou se serrer la main pour se saluer comme avant ou après la messe ! C’est vraiment recevoir et donner la paix même de Dieu qu’est le Christ qui se donne par amour pour nous ! Et c’est très important ! Cela a un sens profond, et il nous faut donc le vivre de manière juste et fidèle. Et donc à présent, quand nous le ferons sur la paroisse nous le ferons ainsi (et quand il n’y a pas de servantes ou servants, on demandera à quelques baptisés de porter cette paix donnée par le ministre depuis l’autel aux bouts des bancs pour que ça se diffuse).

Et vous voyez que vivre pleinement et profondément la liturgie est quelque chose qui nous dépasse car il s’agit de laisser passer Dieu… Et pour cela nous sommes invités à nous laisser aimer par Dieu pour partager cet amour de Dieu aux autres… Nous chanterons à l’offertoire « Abba Père je suis à toi » que j’aime beaucoup car cela nous redit cette expérience essentielle et fondatrice que Dieu nous aime personnellement depuis toujours et qu’il nous appelle à la vie et à la mission pour partager cette vie autour de nous… 

3/ La mission, chers amis :

C’est le thème de notre année pastorale : « tous missionnaires de la charité ». Et il nous faut l’être vraiment et concrètement. Il y a de très nombreuses réalités sur notre paroisse pour que chacun trouve le lieu où être missionnaire selon la volonté de Dieu ! Pas d’excuse please ! Il y a un large choix !

Mais j’aimerai insister pour terminer sur 2 lieux essentiels et non négociables de mission d’Eglise : le service des malades et le service des personnes en deuil.

Une communauté chrétienne et les chrétiens ne peuvent être ni crédibles ni cohérents s’ils ne sont pas d’abord et avant tout aux côtés de ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur âme. Et j’aimerai que tous les baptisés, et je rêve que tous les chrétiens de notre paroisse visitent des malades ou des personnes seules et qu’ils soient proches des personnes touchées par le deuil. Nous portons en nous des trésors d’espérance et de réconfort, des torrents de joie, de paix et d’amour, qui ne viennent pas de nous mais de Dieu, et que nous sommes invités à partager abondamment. Qu’entendons nous ? Dieu veut que nous nous donnions et que nous partagions cette Bonne Nouvelle. Et par exemple, très concrètement, autour de la Toussaint et de la commémoration des fidèles défunts, vous pourrez être présent dans les cimetières de vos villages, 15 mn, 1h, ou une demi-journée, pour proposer des prières aux gens de passage, une image, une présence, un réconfort… L’Eglise et les chrétiens doivent être là ! Non pas pour faire du chiffre ou avoir du succès, être bien vu ou être loué ou admiré parce que ça marcherait ! Non ! Mais être missionnaire en étant proche des gens qui sont loin, en allant les trouver là où ils sont et où ils vivent pour leur dire que Jésus les aime et que Dieu jamais n’abandonne ses enfants !

 

Chers amis, et je termine, nous sommes une communauté paroissiale et ecclésiale ! C’est un peu comme une équipe de rugby en ce temps de Coupe du monde ! Ce qui compte c’est l’équipe, le collectif ! Et le XV de France c’est un super collectif ! Il peut y avoir des blessés, le capitaine même peut être blessé, Dupont, Dubois ou Robi, c’est le collectif qui prime et c’est ensemble qu’il peut gagner… Chacun à son poste : un avant ou un pilier n’est pas un arrière ou un demi de mêlée ! Et c’est ensemble qu’on transforme l’essai et c’est toujours le Christ le buteur ! Et Lui il a déjà gagné ! Et il nous a sélectionné dans son équipe ! Il n’a pas pris les meilleurs aux yeux du monde mais il a choisi ceux qui se laissent aimer par le Père à qui nous appartenons ! Oui, laissons nous aimer par le Père dans le Christ pour rayonner de sa paix. Demandons à la Vierge Marie et à Ste Thérèse de nous y aider.

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Ste Thérèse de Lisieux, Priez pour Nous.

Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +


 

Livres cités dans l'homélie :

 

... "A ce propos, je vous conseille très vivement le livre du Père Jean-Baptiste Nadler intitulé : « L’esprit de la messe de Paul VI, pour un authentique renouveau liturgique ». Avec un ton très juste et très équilibré, il explique, à la suite du Pape François, que le temps est venu et mûr pour appliquer plus fidèlement la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II. Et notamment, par exemple, le geste de paix." ...

 

Plus d'informations :

ARTEGE éditions

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