HOMÉLIE
"Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel." C’est le conseil que donne l’apôtre Paul dans sa lettre aux chrétiens de Rome. Il ajoute cette précision importante : "car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi." A cette recommandation de Paul, Jésus nous enseigne dans l’Evangile la correction fraternelle. Voilà bien de quoi réfléchir et méditer bien sûr entre nous chrétiens, mais plus largement avec les hommes et les femmes de bonne volonté.
Tout d’abord, dans la 1ère lecture, avec le prophète Ezéchiel choisi et envoyé par Dieu qui fait de lui un "guetteur" pour la maison d'Israël. Le Seigneur l’envoie avec la mission d’avertir son peuple afin qu’il abandonne sa conduite mauvaise. S’il n’écoute pas, il mourra de son péché.
C’est pour nous, une invitation à abandonner ce qu’il y a de mauvais dans nos comportements car aujourd’hui comme hier dans les premières communautés chrétiennes, il y a des comportements contraires à la volonté de Dieu. D’où l’enseignement de Jésus qui nous encourage à pratiquer la correction fraternelle et à faire la vérité dans notre vie et nos relations.
Dans sa lettre, l’apôtre Paul rappelle les éléments essentiels de la loi pour ce qui concerne l'adultère, le meurtre, le vol, et même la convoitise. Il résume ces commandements dans l’exhortation de Jésus : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est l’amour mutuel, notre seule dette car le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. L'amour au cœur de nos relations, que ce soit en famille, dans l'Église ou dans la société.
Pour pratiquer la correction fraternelle, il faut commencer par se reconnaître soi-même pécheur et revêtir les sentiments qui sont dans le cœur de Jésus afin de pouvoir dire à celui qui s’égare avec amour ce qui blesse le cœur de Dieu. En lui parlant personnellement pour ne pas l'humilier ; lui expliquer son égarement, non pour lui faire la morale, mais pour lui dire qu’il est aimé de Dieu et que Dieu veut le sauver. S'il n'écoute pas, Jésus suggère alors une intervention progressive ; d'abord deux ou trois personnes, puis la communauté de l'Église.
N’oublions jamais qu’avant d’être un coupable, celui qui s’égare est d’abord notre frère qu’il faut aimer ; peut-être un malade qu’il faut soigner et guérir. Il ne s’agit plus d’accuser ou de dénoncer mais avoir un regard fraternel qui accueille et redonne confiance. Cela suppose beaucoup de délicatesse, de prudence et d'humilité, évitant les mots qui peuvent blesser. La correction fraternelle, c’est la charité qui oblige à la vérité pour montrer le droit chemin, et cela au nom de notre baptême qui fait de nous des frères en Jésus-Christ.
La correction fraternelle est un service que nous devons nous rendre les uns aux autres. Elle se pratique en famille : les parents entre eux et aussi à l’égard de leurs enfants pour les aider à grandir. Elle devrait s’apprendre à l’école lorsqu’un enfant est mis de côté par certains ou parfois harcelé pas d’autres. La correction fraternelle doit se pratiquer aussi entre chrétiens pour s’aider mutuellement à retrouver le chemin du Christ et de l’Evangile.
Frères et sœurs, nous avons mieux à faire que de juger, critiquer ou calomnier. Il nous faut chercher la vérité et rejeter les paroles inutiles qui engendrent la division. A l’heure où les médias cultivent les clivages et les oppositions, il nous faut être missionnaires de la miséricorde de Dieu et nous préoccuper du salut de nos frères. Alors que la dictature du relativisme moral et doctrinal s’est infiltrée dans les médias jusqu’au cœur de nos communautés chrétiennes, il nous faut retrouver la Vérité de l’Evangile servir la communion dans nos famille et dans nos relations quotidiennes y compris dans nos communautés paroissiales.
Dans l’Évangile, Jésus nous appelle à nous unir dans la prière, à dénoncer le mal et à pratiquer la correction fraternelle. Quand nous sommes réunis en son nom, il est là, réellement présent y compris lorsque nous sommes réunis pour régler des malentendus, des tensions ou des conflits. Rappelons-nous que pour gagner tous ses frères, Jésus s’est donné jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur une croix. Ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur qui veut mettre son amour en nos cœurs car écrit Saint Paul : "n’ayons de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel."
Puissions nous frères et sœurs, avec l’aide du Saint Esprit, nous acquitter de "la dette de l’amour mutuel, c’est-à-dire de la charité en pratiquant la correction fraternelle avec douceur et compassion.
Il en va de la communion dans nos familles et dans nos communautés chrétiennes, et donc de notre dynamisme missionnaire pour porter la joie de l’Evangile de l’amour et de la miséricorde pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde. Amen !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau
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