Découvrez l’homélie du 10 mars 2024 par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,

Cet évangile de l’Aveugle-né est vraiment génial ! Les dialogues sont dignes d’Audiard !! Ah le gars ! il ne se laisse pas faire ni démonter ! Il reste libre, et résiste à la pression et aux menaces (il aurait pu bosser sur Cnews !! 😊) Plus sérieusement, c’est un témoignage pur jus de la révélation de Jésus comme le Christ, comme le Fils de Dieu, le Fils de l’Homme, celui qui est la lumière et qui donne de voir la vérité. Et le geste utilisé pour guérir l’aveugle est on-ne-peut-moins incarné et réaliste : il crache par terre, et avec sa salive fait de la boue et la met sur ses yeux, puis lui demanda d’aller se laver à la piscine de Siloé. Et il est précisé que « Siloé » veut dire « envoyé ». Jésus par ce miracle fait de cet aveugle guéri un envoyé, un témoin, un croyant pour dire et révéler aux pharisiens et au peuple l’identité véritable de Jésus de Nazareth. De la boue pour rendre la vue ! Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ! Mystère de la miséricorde qui révèle la grande bonté du cœur de Dieu à travers la boue de nos péchés. « C’est par la grâce que vous êtes sauvés » affirme à 2 reprises St Paul. Nous avons donc besoin de la foi, des yeux du cœur, des yeux de la foi, pour voir au-delà des apparences, pour percevoir la présence de Dieu, pour ne plus être aveugle du cœur. Voir. Croire. Grâce.

1/ Voir.


Nous croyons bien voir mais nous sommes aveugles de naissance tant que nous ne recevons pas et ne vivons pas pleinement de la lumière de notre baptême, de notre adoption filiale du Père dans le Christ par l’Esprit Saint. Nous sommes saturés d’images et de visuels qui nous détournent de la vraie et juste vision, qui nous empêchent de voir Dieu.

L’aveugle-né est guéri puis ensuite il confesse sa foi dans le Christ Jésus. Il le fait après coup. Ce n’est pas toujours le cas dans les miracles mais là c’est très clair. Et très souvent dans les Saintes Ecritures, Dieu est reconnu après coup mais pas sur le moment, parfois il est reconnu de dos, seulement quand il part… C’est le cas de Moïse. C’est le combat de Jacob avec l’ange de Dieu. C’est le cas de Gédéon après sa rencontre avec l’ange du Seigneur ou encore de Tobie avec Raphaël. D’où l’importance du silence et de la prière, de la relecture pour relire et relier, de faire mémoire pour voir les traces et les grâces de Dieu dans sa vie, tous les signes de sa présence, de son réconfort, de sa consolation, sa présence aussi dans les luttes et les épreuves. Sur le moment, on passe à côté, et seulement après coup on se rend compte que c’était le Seigneur… De même, dans la vie de nombreux saints de l’Eglise nous voyons cela : St Martin et le pauvre de la porte d’Amiens reconnu comme le Christ dans un songe nocturne, St François et le lépreux, Ste Mère Teresa et le pauvre assoiffé, etc. Ou encore de nombreux témoins croyants (par exemple comme l’acteur protestant Roland Giraud) qui ont rencontré le Seigneur ou un de ses envoyés à travers un pauvre ou un petit, mais qui ne s’en sont rendus compte qu’après coup… Dieu surprend ! Dieu bouscule ! Certains d’entre vous pourraient sans aucun doute en témoigner et en parler… Et alors, ça m’est également arrivé… Je l’ai peut-être déjà partagé avec certains d’entre vous… La rencontre avec un envoyé de Dieu, avec un ange, que je pense être mon ange-gardien… Je vous raconte ? Non ? Si ?

C’était le 17 décembre 2007, à Bangalore, en Inde… (a écouter dans l’audio le témoignage du père Alexandre-Marie à 5mn du début)

Dieu vient à notre rencontre souvent sous les traits d’un pauvre ou d’un petit. « Les pauvres vous en aurez toujours avec vous » (Mc 14, 7) nous a dit Jésus. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) Jésus se propose à notre regard, à notre cœur, à notre charité comme un pauvre, un fragile, un faible. Allons-nous le voir ? Allons-nous le reconnaître ? Ou allons-nous rester aveugle ? Comprenons-nous la tristesse des évêques de France après le vote sur l’IVG lundi dernier devant tous ces petits êtres non nés, toutes ces vies détruites ? Y-voyons-nous le visage du Christ ? Il est fort probable que les générations futures nous jugent et nous condamnent pour ce drame que personne ne veut voir… Oui, voir la présence aimante du Seigneur dans le discret, le caché, le faible, le petit, le pauvre, le dernier, l’oublié… Arrêtons d’être aveugles ! Voyons et croyons dans la lumière du Christ !

2/ Croire.


« Crois-tu au Fils de l’homme ? » « Je crois Seigneur » ; « du moment que vous dites : nous voyons ! votre péché demeure ».

Le Seigneur nous invite à reconnaître notre aveuglement, c’est-à-dire notre péché, afin d’avoir besoin de sa grâce pour pouvoir voir. C’est tout le paradoxe !

Beaucoup pensent voir mais en fait ils sont aveugles ! Beaucoup pensent être tout-puissants et immortels, n’avoir besoin ni de Dieu ni des autres, d’être sans péché, d’être parfaits… et ceux-là ne voient rien ; ils sont bouchés car l’orgueil, la vanité, la suffisance les aveuglent. Comme les pharisiens. Alors que quand nous nous reconnaissons aveugles, humblement, nous savons que nous avons besoin de la Lumière du Christ pour nous rendre la vue, besoin de son pardon pour nous relever et nous recréer. Quelle grande force de se savoir faible ! Quelle puissance de se savoir fragile ! Quelle vraie liberté que d’être dépendant de Dieu, de son amour, de son pardon, bref de sa grâce… Alors, nous voyons !

Se reconnaître aveugle pour voir ! Par grâce divine !

3/ La grâce.


« Moi, je te prie Seigneur : c’est l’heure de ta grâce » nous dit le Psaume 68 (verset 14). C’est l’heure de ta grâce quand je prie ! Quand je prie, c’est là Seigneur que tu me gracies, que tu me fais grâce en vérité.

Chers amis, la vraie dignité de l’homme c’est quand l’homme prie Dieu. C’est quand l’homme entre dans un cœur à cœur avec son Seigneur. C’est là qu’il voit ! C’est là qu’il croit ! C’est là la source de la vie !

Le but de notre vie chrétienne c’est vivre de l’Esprit Saint et l’Esprit Saint nous introduit dans la relation filiale de Jésus avec son Père. Il nous introduit dans leur communion d’amour, dans leur prière mutuelle. Cette prière divine est remplie de grâce, de la présence de Dieu et il nous faut en vivre.

C’est la grande révélation chrétienne que d’apprendre que Dieu est Père et que Jésus est son Fils. Et Jésus l’appelle Abba, Papa et il nous invite à entrer dans sa prière. Quelle merveille quand on y pense juste un instant ! Et Jésus nous le partage et nous le donne. Dites « Notre Père »…

Et quand je prie, je ne prie pas pour hier ou pour demain. Je prie pour maintenant et pour aujourd’hui. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »

« C’est maintenant le moment favorable. C’est aujourd’hui le jour du salut ». « C’est l’heure de ta grâce » Oui, quand je prie c’est l’heure de Dieu, c’est l’heure de sa grâce, c’est là bonne heure, c’est le bonheur ! C’est le moment où la grâce de Dieu peut agir en moi, dans ma vie, dans mon cœur. C’est là que je rencontre le Christ et que cela me donne de vivre pleinement en étant gracié !

Vivre de la grâce de son baptême c’est donc renaître et reconnaître la présence du Christ et de sa grâce pour en vivre à chaque instant.

Ouvrons les yeux. Ouvrons le cœur et voyons. Et croyons. Dieu vient et il va se donner à voir. Il va se donner à manger et à boire pour ouvrir notre cœur et le remplir de sa grâce divine, de ses bienfaits, de sa Présence réelle. « C’est par la grâce que vous êtes sauvés ». C’est maintenant, c’est l’heure de sa grâce. Accueillons-le. Abreuvons-nous à cette fontaine d’eau vive ! Plongeons dans la piscine de Siloé, dans la mort et la résurrection du Christ pour vivre de la grâce de notre baptême, et déjà maintenant dans cette eucharistie…

Et demandons à la Vierge Marie, Vierge au cœur ouvert pleinement à la grâce de Dieu, de nous aider à prier, à voir et à croire en étant centré sur son Fils, la lumière qui nous sauve.

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