Découvrez l’homélie du 14 avril 2024 par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus-Christ,
Savez-vous que dans son dernier livre L’archipel français, le sociologue Jérôme Fourquet montre l’éclatement de la société française avec notamment des chiffres et des comparaisons qui pourraient prêter à sourire comme le croisement de la courbe de la baisse du nombre de prêtres et de la hausse du nombre de tatoueurs ! De même pour la baisse des inhumations et la hausse des crémations, etc. sans parler des piercings ! Avec la destruction de la référence chrétienne, le rapport au corps change. La mutation est hyper rapide, fondamentale et significative. Cela est une chose. C’est un constat. Mais comment cela doit-il nous faire réagir comme chrétien, comme disciples de Jésus Christ, mort et ressuscité ? Et cela dans notre foi, dans notre pratique quotidienne pour tenir bon le cap ? Pour être vraiment fidèle au Christ et à la foi, sans se faire avoir par les mirages et les erreurs du monde ? L’enjeu est immense… Que nous dit la Parole de Dieu en ce Temps pascal ? Voyons cela : manger, parole et incarnation ! Manger la Parole pour vivre l’incarnation de la résurrection…
1/ Manger.
Dans les Evangiles, nous voyons souvent Jésus à table pour manger et boire avec ses disciples : c’est aussi là qu’il les instruit, partage leur vie, les écoute, leur parle, etc. On dit même qu’il est un glouton ! Et peut-être encore plus une fois qu’il est ressuscité !! Incroyable ! Il passe sa vie de ressuscité à manger du poisson grillé !
Car en soi, Jésus n’a pas besoin de manger quand il est ressuscité ! Alors pourquoi mange-t-il ?
D’abord pour rassurer ses disciples ! Ils sont saisis d’étonnement et de peur, et Jésus leur dit quoi ? Il leur dit : « Avez-vous ici qq’ch à manger ? » Décalé Jésus ? Pas tout à fait…
Nous-mêmes quand qq’un ne va pas bien est-ce que nous ne lui disons pas : « allez, viens, on va manger un morceau ! » Ou bien encore « Allez, on va boire un verre… ». On s’assoit, on mange, on boit, on discute…
Partager un bon repas, un bon verre, un moment d’amitié, ça réconforte, ça console, ça fait du bien ! Surtout quand ça ne va pas, quand on est perdu…
Et bien là aussi : devant ses disciples apeurés, surpris, où se mêlent dans leurs cœurs tristesse, peur, frayeur, étonnement, incompréhension, et bien Jésus mange avec eux ! Jésus s’assoit et mange avec eux…
Mettons-nous un peu à leur place : ils ne comprennent rien à ce qui vient de se passer depuis 3 ou 4 jours !! Tout est confus ! Ils sont perdus, désorientés, apeurés…
Et bien Jésus vient les rassurer et il mange de nouveau avec eux ! Comme pour mieux leur dire : c’est bien moi ! Je suis le même avec qui vous avez mangé avant ma mort !!
Jésus, en mangeant, montre aussi que sa réalité incarnée et humaine, continue même s’il est différent ! Il a les stigmates, les traces de ses plaies et de ses blessures… Il leur montre ses mains et ses pieds !
Il était mort et maintenant il est ressuscité, et il mange de nouveau avec eux ! Continuité et rupture…
Pour mieux aussi leur dire et nous dire que la vie éternelle sera le grand festin des noces de l’Agneau, les noces du Christ avec son Epouse l’Eglise… Un grand banquet de joie où le Christ lui-même nous servira ! Tout cela est essentiel pendant le Temps Pascal. Cette semaine, à la messe, nous entendrons le discours du Pain de vie. Jésus est le Pain du Ciel. Il est présent avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde par sa Présence réelle eucharistique où nous sommes invités à le manger pour vivre de lui ! Quelle bonne nouvelle que Dieu soit du Bon Pain, du Pain frais, du Pain de vie pour nous donner la force d’aimer et de se donner…
2/ La Parole
Que dit Jésus ressuscité comme première parole ? « La Paix soit avec vous ! » Et St Jean, dans la seconde lecture, nous invite à garder sa parole : « En celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection » ! Désirons-nous vraiment la sainteté et la perfection chrétienne ?
Jésus est la Parole de Dieu, la Parole du Père qui est une Parole de vie, source de tout bien, une Parole créatrice et recréatrice qui touche le cœur quand on la laisse résonner en nous, quand on écoute avec attention et avec cœur cette Parole unique au monde, unique dans toute l’histoire des hommes ! Aucune autre parole n’a eu autant d’effet, n’a fait autant de bien ! Aucune parole, aucun mot n’a eu autant de force, de résonnance, n’a été autant source de vie, de paix et de joie ! Aucune ! Et cette Parole elle continue de donner la vie à chaque sacrement !
Nous devons garder cette Parole de Dieu et nous en nourrir ! L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ! Manger c’est bien ! Dévorer la Parole de Dieu c’est mieux !
Prenons le temps de la prière, le temps de la lecture de la Parole de Dieu, formons-nous pour la connaître et l’aimer, pour s’en instruire… La Parole de Dieu est d’une richesse incroyable ! Et tous ceux qui suivent avec moi en ce moment la formation sur la théologie du Corps de St Jean-Paul II prennent encore plus conscience de cette richesse, de cette puissance, de cette vérité de la Parole divine !
Et prenons le temps du silence pour que la Parole de Dieu résonne en nos cœurs et en nos vies ! Comme pendant ce silence de la nuit de la résurrection où la Parole de résurrection et de vie a surgi dans les ténèbres ! Certains se lèvent en pleine nuit pour prier afin d’être dans un silence encore plus profond pour écouter la Parole de Dieu, pour mieux la laisser résonner et transformer le cœur…
Laissons, chers amis, résonner en nous la Parole de Dieu, le Christ Jésus lui-même ! Et par exemple, accueillons avec foi les bénédictions de Dieu ! Bénédiction : Dieu qui dit du bien pour faire du bien ! Savez-vous que le Temps pascal est LE temps par excellence pour les bénédictions, notamment des maisons ! En Italie, chaque année, les prêtres passent de maison en maison pour bénir, bénir et bénir ! Pour que la Parole de Dieu fasse du bien dans la réalité concrète et incarnée de nos vies : maisons, outils de travail, animaux de compagnie (7 mai prochain !), objets pieux, etc. (ex : en Inde) Laissons Dieu nous bénir et nous faire du bien ! Cela pour vivre plus en vérité et plus à fond la vérité de l’incarnation de la résurrection…
3/ pour vivre l’incarnation de la résurrection !
Dans l’Evangile, nous voyons bien que Jésus ressuscité n’est pas un fantôme ou un pur esprit. Il mange. Il a la trace de ses stigmates. Il se laisse toucher. C’est le même et il est différent. S’il avait pu jouer au foot avec ses disciples, il l’aurait fait ! Et il aurait mis de beaux buts !
La résurrection ce n’est pas un truc fumeux, désincarné, symbolique ou idéologique : non ! C’est bien réel et concret ! Et c’est la suite logique de l’incarnation, de la passion et de la mort du Christ, le Fils de Dieu et son cœur rempli d’amour, cœur qui se donne, cœur qui aime et qui saigne pour mieux faire passer la lumière de la vie. Cette réalité du mystère pascal doit se vivre au cœur de nos vies et de notre quotidien ! La résurrection doit se vivre quotidiennement, dans nos sourires et nos services. Ste Thérèse d’Avila disait à ses sœurs : « vous trouverez le Seigneur au milieu de vos marmites ! »
La résurrection doit toujours plus s’incarner dans nos vies, dans notre corps et dans notre chair. Et pas en mode tatouage, corps exhibé car incompris, corps publicité car opposé à l’esprit, à l’âme et au cœur. Mais s’incarner dans le cœur et ça passe par le corps ! Et je ne peux que vous inviter à découvrir et approfondir la théologie du corps de St Jean-Paul II qui est une bonne nouvelle merveilleuse et qui fait du bien au cœur et au corps en ces temps d’hérésies et de confusion !
Oui, la résurrection doit s’incarner dans nos vies et déjà dans notre prière personnelle et ecclésiale. Je vous bassine avec ça mais oui vraiment nous devons prier avec notre corps pour que le cœur se laisse toucher. S’incliner au Credo, à l’incarnation ; s’incliner et se frapper la poitrine en signe de pénitence, se signer souvent pour que la croix imprime notre corps et notre cœur, s’agenouiller pour adorer humblement, etc. De même, nous devons prendre le temps de péleriner (le 1er mai à St Laurent, à Rome et à Assise, à Lourdes ou à St Jacques), ici ou là-bas, pour prier avec ses pieds et avec son corps, au milieu de la Création, afin que le cœur se convertisse… Prier avec son corps ce n’est pas seulement le chemin de croix, la passion et les souffrances, mais c’est aussi vivre et goûter la résurrection et la puissance de vie du Christ, source de joie et de paix !
Lundi dernier nous fêtions l’Annonciation : c’est une belle grâce de la fêter pendant le temps pascal : le Verbe s’est faire chair en Marie comme l’Eglise, par l’Esprit de Pentecôte, va prendre chair en elle et dans les Apôtres. Demandons à Marie de nous aider à accueillir l’Esprit de résurrection afin qu’il vivifie notre cœur et notre corps pour goûter la joie de la résurrection et en être les témoins vivants ! JVSM. Amen.