Découvrez l’homélie du 28 avril 2024 par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,

Aujourd’hui, 5ème dimanche de Pâques mais aussi 28 avril, fête de St Louis-Marie Grignion de Montfort. Voyons comment Dieu nous parle car vous savez que Dieu continue de nous parler, notamment et surtout par son Corps qu’est l’Eglise et principalement au cours de la liturgie eucharistique dominicale où la Parole de Dieu prend chair, corps et vie pour nous nourrir, nous rassasier, nous désaltérer. A nous de l’écouter, à nous de l’accueillir, à nous d’en vivre vraiment.

Et j’aimerai vous en parler en vous parlant de conversion, de JSJ et de disciple fécond.

 

1/ Conversion

Il s’agit, chers amis, de ne pas édulcorer les choses ni de les minimiser ! De prendre bien conscience de l’importance d’un vrai changement du regard et du cœur, d’un profond renouvellement de son être, d’une nouvelle naissance, d’une renaissance pour que le Seigneur soit le centre de notre vie. Et reconnaissons que ce n’est pas si simple et que cela demande un vrai combat contre ses peurs et tout ce qui nous entrave…

Le Livre des Actes précisent : « Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple ». Mettons-nous deux secondes à leur place : le même qui auparavant les persécutait, les pourchassait, les menaçait, les tuait, il revenait en demandant à entrer dans la bande… ! Ils pouvaient légitimement avoir peur en se posant 1000 questions sur une possible manipulation, un mensonge, un piège, etc. !! Je ne vais vous refaire un petit cours sur la peur, la prudence, la puissance (cf. homélie des Rameaux !!), mais de fait on peut avoir du mal ou au moins avoir besoin de temps pour accepter un changement, accepter de changer, pour convertir son cœur et son regard. Déjà, pour Paul lui-même, sa conversion a été un évènement, un basculement, un changement radical où il a dû renoncer à tout pour suivre Jésus : renoncer à sa famille, ses amis, ses réseaux, ses sécurités, son confort, sa carrière, à tout ! Et donc un basculement aussi pour les chrétiens qui ont dû mettre leur peur de côté pour accueillir Saul, le nouveau Paul, et voir la vraie conversion de son cœur, l’appel de Dieu qu’il a reçu, sa vocation et sa place dans l’Eglise. Et c’est loin d’être évident ! Et si nous avions à vivre la même chose aujourd’hui… ?

On a vu la même chose avec de nombreux saints dans l’Eglise, comme avec St Louis-Marie, qui a été rejeté par des évêques, par de nombreux autres prêtres, parce qu’il dérangeait et bousculait, et qu’on avait peur de lui et de sa radicalité évangélique. Il n’y a rien de pire qu’un chrétien établit et qui ne veut jamais se remettre en cause et qui refuse de se laisser bousculer… C’est aussi valable pour nous aujourd’hui…

Oui, chers amis, pour se convertir chaque jour et sans cesse, il faut déjà accepter d’être dérangé, d’être bousculé, tout en exerçant son discernement pour poser un juste jugement, sans tomber dans les pièges de la peur, de la méfiance ou de la défiance. Il y a donc de vrais moyens humains à cultiver et la grâce de Dieu à demander. N’ayons pas peur de se convertir et de voir comment Dieu peut vraiment toucher tous les cœurs même de nos pires ennemis, en faisant d’eux de vrais disciples du Christ… Toujours avec la grâce de Dieu !

2/ JSJ

Non pas JMJ : Journées Mondiales de la Jeunesse ! Mais JSJ : Jamais Sans Jésus ! JSJ !

Avec cette phrase centrale dans l’Evangile de ce jour : « Sans moi vous ne pouvez rien faire ». Tout l’enjeu pour nous pendant ce temps pascal et pendant toute notre vie sur cette terre, une vie pascale, c’est-à-dire une vie de passage de ce monde au Père, c’est de vivre de l’Esprit de Jésus, de l’Esprit Saint. Les Actes des Apôtres n’arrêtent pas de parler de la vie dans l’Esprit ; St Jean dans sa première lettre vient de nous le redire : « il nous a donné part à son Esprit ». L’Esprit Saint est inséparable de Jésus, comme du Père. Unité indissociable de la Sainte Trinité. L’Esprit saint nous conduit et nous ramène toujours à Jésus Christ. Et c’est pourquoi l’Esprit Saint présent en nous nous aide à prier, nous pousse à nous centrer sur Jésus, nous invite à la louange et à l’action de grâce pour se centrer sur Dieu seul. D’ailleurs quelle était la devise de St Louis-Marie ? Non pas « Totus tuus » qui était la devise de St Jean-Paul II mais c’était « Dieu seul ». « En-dehors de moi vous ne pouvez rien faire ». Dieu seul ! Rien faire sans Jésus, sans l’esprit de Jésus présent en nous !

St Louis-Marie centrait toute sa prédication et sa mission sur le Christ ; Quand il parlait de la croix, quand il invitait au renouvellement des promesses de son baptême ou quand il parlait de la Vierge Marie, il se centrait toujours sur le Christ, l’unique Sauveur. De même St Jean-Paul II pourrait être défini par ces 3 mots : Hostia, Crux, Virgo : l’Hostie, la Croix et la Vierge Marie qui nous conduisent au Christ, notre seul Sauveur.

Jamais sans Jésus ! Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! Centrons toute notre vie sur le Christ, convertissons-nous vraiment, et par là, soyons des disciples féconds…

3/ Disciple fécond

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples ». Ainsi, être disciple de Jésus va de paire avec le fait de porter du fruit. L’un ne va pas sans l’autre.  Un vrai disciple ne peut être infructueux. Bien sûr, il nous faut voir avec un regard surnaturel, qui voit des fruits au-delà de la seule efficacité humaine ou de la seule rentabilité mathématique ou économique. Les fruits de la fidélité peuvent être discrets ou cachés aux yeux du monde ou bien ne se voir que très longtemps après… Il y a 1000 exemples de cela. J’ai personnellement été très touché lors d’un pèlerinage en Corée sur les pas de St Henri Dorie, par un lieu perdu en pleine forêt et dans la montagne. Quelques chrétiens coréens et un prêtre missionnaire français s’y étaient réfugiés lors des persécutions au milieu du 19ème siècle. Là, coupés du monde, cachés, dans le secret, ils ont consacré la Corée au Cœur immaculée de Marie et ils sont restés fidèles à la prière et à leur foi, au milieu d’un monde hostile et menaçant. 150 ans plus tard, en Corée, il y a plus de 40% de chrétiens et la foi en Jésus se répand de manière exponentielle ! Et dans cette forêt il y a une immense basilique ! Comme disciple de Jésus, les fruits que nous sommes invités à porter ne sont pas toujours visibles pendant notre vie ici-bas. C’est pourquoi ils sont toujours à vivre dans l’espérance et la confiance au-delà des apparences. Ce qui compte ce n’est pas de réussir ou d’avoir du succès, ce qui compte c’est d’être fidèle, c’est-à-dire d’avoir la foi, être un disciple fidèle pour que le Seigneur porte du fruit à travers nous. Jésus nous dit aussi « si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Être disciple et porter du fruit, c’est donc porter sa croix.

Chers amis, il n’y a pas de grâce sans croix et il n’y a pas de croix sans grâce. Le sarment doit être taillé pour porter du fruit et il porte du fruit s’il demeure sur la vigne. Nous portons du fruit si nous demeurons fixés à Jésus. Toute notre vie est jalonnée de nombreux petits et grands deuils, de petites morts, de petites pâques, des passages pour, sans cesse, chaque jour, passer de la mort à la vie nouvelle. Ce n’est pas un concept ou une idée, mais c’est une réalité à vivre concrètement dans toutes les dimensions de notre existence : mourir à tel projet ou tel plan, à tel désir ou tel envie, renoncer à sa volonté propre, mourir à un idéal, accueillir sa famille tel qu’elle est et non tel qu’on aimerait qu’elle soit, accepter et consentir au réel de la fragilité humaine, de ses problèmes de santé, renoncer à trop d’affect, etc. Y consentir non pas avec dégoût, frustration, aigreur ou amertume, mais y consentir avec joie et avec foi, et avec cette certitude que si tout est vécu avec le Christ et pour le Christ, le Seigneur en tirera un bien plus grand, ouvrira une route nouvelle, de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives pour porter encore plus de fruits, bien plus qu’on ne pouvait l’imaginer.

Chers frères et sœurs, demeurons fermes dans le Christ pour porter du fruit selon l’œuvre de Dieu en nous.

 

Demandons à la Vierge Marie, avec St Louis-Marie, de nous aider à rester de fidèles disciples de Jésus pour nous convertir chaque jour en ne faisant jamais rien sans Lui. JVSM. Amen.

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