Découvrez l’homélie du 5 mai 2024 par l’abbé Alexandre Marie ROBINEAU

6ème dimanche de Pâques – 5 mai 2024 – 11h Cathédrale – Cycle St JPII

 

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ, Bien chers jeunes du cycle St Jean-Paul II,

Le Pape Benoît XVI donnait souvent un exemple de fécondité sacerdotale qui l’avait frappé quand il était jeune prêtre. C’était dans une petite paroisse bavaroise. Il y avait d’abord eu un curé dynamique, entreprenant, actif, présent sur tous les fronts, brillant orateur, meneur né, avec un grand charisme. Puis il fut remplacé par un nouveau curé qui, lui, avait bien moins de charisme, moins de talents, beaucoup plus discret, réservé, comme en retrait, voire même timide, mais qui, en revanche, priait beaucoup, célébrait avec foi et recueillement, avec attention et application, avec charité et profondeur. Et Ratzinger faisait remarquer que c’est sous le second curé que cette paroisse a eu beaucoup plus de vocations de prêtres et de consacrés qui ont été touchés par sa foi et son exemple. Cela pour montrer que la fécondité spirituelle chrétienne n’est pas toujours là où on l’attend, rarement dans une logique mondaine ou seulement humaine ; que cette fécondité vient de Dieu et qu’elle nous échappe toujours… C’est bon et important pour notre humilité à tous, et en premier lieu pour moi-même… et pourtant le Seigneur nous invite tous à porter du fruit et à être fécond en offrant notre vie à la suite du Christ. Voyons cela plus en détail avec le sacerdoce baptismal, le ministère sacerdotal et l’offrande concrète de nos vies.

 

1/ Le sacerdoce baptismal : A chaque baptême auquel vous participez, vous entendez que le nouveau baptisé devient prêtre, prophète et roi. Vous êtes d’accord ? Mais le comprenez-vous ? Le vivez-vous vraiment chers amis ? Oui, de part notre baptême nous sommes tous prêtre, prophète et roi. Et nous avons donc à exercer et à vivre notre sacerdoce baptismal. Vivez-vous vraiment votre sacerdoce ? Parce que l’enjeu est de taille !! Et c’est en le vivant vraiment à fond qu’on peut porter du fruit comme le commande Jésus…

Alors, je vous rassure, ou plutôt je vous tempère, car si vous commencez à rouler des mécaniques en vous prenant pour un super héros prêtre, prophète et roi, genre star et paillette, je vous arrête tout de suite. Ce n’est pas à celui qui en fera le plus ou qui en mettra le plus à la vue des autres ! Non. Pourquoi ?

Parce qu’en réalité le seul et unique prêtre, notre seul Grand Prêtre c’est Jésus Christ. Il n’y en a pas d’autres. Pas plus vous que moi ! Et le Seigneur Jésus nous invite à participer à son sacerdoce ; il nous invite à être en lui, comme membre de son Corps, comme membre de l’Eglise toute sacerdotale, à être des prêtres, c’est-à-dire ceux qui offrent le vrai culte agréé par Dieu, c’est-à-dire ceux qui avec le Christ et dans le Christ, offrent leur vie en sacrifice vivant, en offrande d’action de grâce. Comme dit St Paul : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte » (Rm 12, 1).

C’est en vivant à fond votre sacerdoce baptismal que vous porterez du fruit. Le vivre c’est devenir un ami de Jésus, avoir les mêmes sentiments, le même cœur, l’intimité d’amitié. Et cette amitié divine se vit d’abord et avant tout dans l’offrande de soi, dans le don de sa vie, comme le Christ, et avec le Christ. « En-dehors de moi vous ne pouvez rien faire ». Nous sommes secs et stériles sans le Christ. Nous sommes vides sans lui. Nous sommes desséchés et jetés au feu. Mais si nous demeurons en Lui, c’est-à-dire si nous suivons et vivons ses commandements, c’est-à-dire si nous offrons notre vie par amour comme le Christ a offert sa vie par amour pour nous, alors, et alors seulement, nous porterons du fruit. Et alors nous goûterons la vraie joie, la joie profonde de l’amour de Dieu. Et alors, et alors seulement, nous serons prêtres de Jésus Christ, nous vivrons notre sacerdoce baptismal. Tout l’enjeu c’est de s’offrir pour réaliser ce pourquoi nous sommes faits. En fixant du regard et du cœur le Christ Grand Prêtre qui ne cesse pas de s’offrir par amour pour nous et par lequel nous sommes sauvés. Nous avons besoin de Lui. Sans Lui, nous ne pouvons rien faire. Nous avons donc aussi besoin des ministres sacerdotaux pour pouvoir nous offrir.

 

2/ Le ministère sacerdotal : Chers amis, vous savez je ne me confesse pas mes péchés à moi-même ! Mardi dernier je suis allé voir un autre prêtre pour me confesser et recevoir le pardon du Seigneur pour mes nombreux péchés. Et oui, comme vous, j’ai besoin d’un ministre sacerdotal pour que le Christ me pardonne et me sauve.

Dans sa logique d’incarnation, le Christ a choisi 12 Apôtres pour fonder son Eglise ; et il a choisi de pauvres hommes pécheurs afin de donner en abondance sa grâce notamment par les sacrements, en particulier l’eucharistie et la confession. Nous avons besoin du Christ pour nous donner et donc nous avons besoin de prêtres, de ministres sacerdotaux, qui donnent leur vie radicalement comme le Christ, afin de nous aider à donner notre vie à notre tour. Le prêtre est une charnière, comme un pivot de la grâce, mis en place, institué par le Christ pour qu’aucun baptisé ne se croit auto-suffisant, mais que chacun soit obligé de sortir de lui-même pour vivre en Eglise et recevoir par l’Eglise et ses ministres la grâce du salut.

Alors bien sûr, comme dans la première lecture avec Pierre et les païens qui reçoivent l’Esprit Saint, la grâce de Dieu, l’agir de Dieu dépasse le seul cadre ecclésial et la seule grâce efficiente des sacrements. Dieu est plus grand que nous, plus grand que notre cœur, plus grand que l’institution. Comme dit St Jean : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés ». C’est toujours le Seigneur qui a l’initiative ! Et un non-baptisé, un homme droit, de bonne volonté, en conscience, peut être sauvé par la grâce agissante de Dieu. C’est un fait incontestable. Toutefois, le canal principal, premier, sécurisé, estampillé « salut » marqué dessus, est celui institué par le Christ lui-même, en son Eglise apostolique car là, je dirai, on est sûr, pas de doute. Et c’est celle-là, toujours, qu’il faut privilégier, afin d’être sûr de suivre au plus près le Christ et de suivre ses commandements.

Et donc, chers amis, c’est pour cela qu’il est si important de prier pour les vocations et notamment pour les vocations de prêtres diocésains et notamment pour notre saint diocèse de Luçon, en Vendée ! D’où l’intérêt, que je pense d’ailleurs vraiment prophétique, du cycle St Jean-Paul II. Merci cher Jean-Marie de la peine que tu te donnes, avec les autres prêtres et laïcs, pour conduire cette œuvre afin qu’elle porte du fruit selon la volonté de Dieu. Dans un monde sourd et aveugle, dans une société bouchée, sans cesse divertie et comme shootée par 1000 compensations ou fuites, il est nécessaire de mettre en place des moyens concrets pour aider des jeunes à écouter l’appel de Dieu afin de vivre leur vocation. Je comparerais bien ce cycle de discernement à une forme de sonotone ou d’appareil auditif qui sert à mieux entendre la voix du Seigneur dans un monde saturé de bruits. Ou bien un pacemakeur, un appareil cardiaque, qui sert à faire que son cœur puisse battre au rythme du Cœur-Sacré de Jésus, et ainsi à connaître sa vocation, l’appel de Dieu pour soi, pour mieux aimer, pour mieux se laisser aimer par le Seigneur, pour mieux lui répondre et connaître son chemin de vie et de joie.

Oui, nous avons besoin de prêtres, de ministres sacerdotaux, d’amis intimes de Jésus, qui offrent leur vie comme le Christ, pour aider tous les baptisés à vivre leur vocation à la sainteté, à vivre leur sacerdoce baptismal en offrant leur vie à Dieu. Et voyons, enfin, comment offrir sa vie concrètement. 

 

3/ S’offrir : Parce que tout ça c’est bien beau, me diriez-vous mais concrètement comment fait-on ? Comment s’offre-t-on ? D’où l’importance, déjà, de découvrir et de connaître sa vocation : mariage, consécration, sacerdoce pour pleinement se donner et s’offrir à fond selon le cadre premier de sa vocation particulière. C’est le chemin de vie de chacun, choisi par Dieu, sur lequel nous devons nous engager. Et c’est pourquoi il faut tous être missionnaires des vocations car ainsi on aidera chacun et notamment les jeunes à connaître Dieu, donc se connaître soi-même, donc connaître sa vocation et vivre dans la joie : « que votre joie soit parfaite ». Ensuite, cela peut se vivre de différentes manières dans le service, l’écoute, le bénévolat, etc. mais aussi dans 3 exemples que je vous donne. Dans la liturgie, où, à la messe, notamment à l’offertoire, nous sommes invités à offrir toute notre vie, avec toute l’Eglise, et avec le Christ. Et parfois, reconnaissons-le, nous sommes inattentifs, déconcentrés et déjà à l’apéro de midi ou encore à celui d’hier soir ! Vous savez tous les petits gestes traditionnels ont un but pédagogique pour nous aider à rester concentré : incliner la tête à la mention de Jésus Christ ou de Marie, se frapper la poitrine, incliner le corps au Credo, s’agenouiller, se lever, les signes de croix, etc. Tous ces petits gestes, comme pour le prêtre (joindre les mains, les doigts, génuflexions, etc.), servent à être pleinement présent, attentif, concentré afin d’être donné, afin de s’offrir, de manière consciente et libre, avec et pour le Christ. Bien sûr aussi dans la prière quotidienne, et par exemple dans la neuvaine à l’Esprit saint, entre l’Ascension et la Pentecôte, Mère de toutes les neuvaines pour accueillir les dons et porter les fruits de l’Esprit. Enfin, et peut-être surtout, tout offrir en action de grâce, notamment les croix et les épreuves, car c’est là la sainteté, et c’est là que le Seigneur peut faire dans les cœurs des merveilles et des miracles. L’offrande et le sacrifice de sa vie en action de grâce. C’est là le culte véritable.

Demandons à la Vierge Marie en ce mois de mai de nous aider à suivre son Fils pour, comme elle et avec elle et toute l’Eglise, offrir notre vie et être ainsi, dans la joie, l’ami de Jésus. JVSM. Amen.

Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +

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